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JEHAN RICTUS GASTON COUTÉ LES POÈTES POPULAIRES LU PAR Daniel Mesguich CD1 : JEHAN RICTUS, Les Soliloques du Pauvres 1 L’hiver 7’36 2 Impressions de promenade 2’49 3 I. Songe-mensonge 2’25 4 II. Songe-mensonge 1’32 5 III. Songe-mensonge 1’36 6 IV. Songe-mensonge 0’49 7 VI. Espoir 2’59 8 VII. Espoir 3’50 9 VIII. Déception 5’19 10 IX. Déception 3’39 11 I. Le revenant 2’43 12 II. Le revenant 1’18 13 III. Le revenant 4’11 14 IV. Le revenant 1’47 15 V. Le revenant 1’22 16 VI. Le revenant 1’48 17 VII. Le revenant 1’04 18 VIII. Le revenant 1’28 19 IX. Le revenant 1’00 20 X. Le revenant 0’35 21 XI. Le revenant 1’33 22 XII. Le revenant 1’24 23 XIII. Le revenant 1’26 24 XIV. Le revenant 0’29 25 XV. Le revenant 0’17 26 XVI. Le revenant 1’38 CD2 : JEHAN RICTUS, Les Soliloques du Pauvres suivi de Le Cœur Populaire Les Soliloques du pauvre 1 Le printemps. I.1 La journée 1’21 2 Le printemps. I.2 La journée 0’34 3 Le printemps. I.4 La journée 1’24 4 Le printemps. I.5 La journée 1’06 5 Le printemps. I.6 La journée 1’55 6 Le printemps. II.8 Le furtif et le mystérieux 1’43 7 Le printemps. II.10 Le furtif et le mystérieux 0’25 8 Le printemps. II.11 Le furtif et le mystérieux 2’19 9 Le printemps. III.12 Prière 3’40 10 Le printemps. III.13 Prière 1’21 11 Le printemps. III.14 Prière 1’11 12 Le printemps. III.15 Prière 1’22 13 Le printemps. III.16 Prière 1’15 14 Le printemps. III.17 Prière 1’56 15 Crève-Cœur 5’19 16 Les masons. I. Nocturne 4’13 17 Les masons. II. Les masons 7’25 Le Cœur Populaire 18 Le cœur populaire. Les petites baraques 2’51 19 La frousse 3’27 20 Farandole des pauv’s tits fan-fans morts 3’30 21 La Charlotte (partie 1) 4’13 22 La Charlotte (partie 2) 4’13 23 « Jasante » de la vieille (partie 1) 5’00 24 « Jasante » de la vieille (partie 2) 4’02 CD3 : GASTON COUTÉ, La Chanson d’un gas qu’a mal tourné 1 Le gas qu’a mal touné 2’59 2 Les Gourgandines 6’32 3 Le jour du marché 2’01 4 La Julie jolie 1’31 5 Idylle des grands gas comme il faut et des jeunesses convenables 4’19 6 En revenant du bal 2’14 7 Les petits chats 2’17 8 En suivant leu’ noce… 2’24 9 La Toinon 2’01 10 La dot 3’36 11 Les gâs qui sont à Paris 1’42 12 L’odeur du fumier 2’36 13 La chanson de l’Héritier 1’24 14 Complainte de l’estropié 1’15 15 L’enfermé 3’03 16 Le gas qu’a perdu l’esprit 2’06 17 Le Christ en bois 3’08 18 Les mangeux d’terre 1’53 19 La chanson de printemps 1’35 20 L’Aumône de la bonne fille 1’42 21 Le Discours du Traîneux 2’24 22 Le dimanche 1’57 23 Après vendanges 2’37 24 Les deux chemineux 1’30 25 À l’Auberge de la route 0’54 26 L’École 4’06 27 Les conscrits 1’44 28 Le charretier 2’10 29 Un bon métier 1’38 30 Môssieu Imbu 5’19 31 Les Électeurs 4’21 JEHAN RICTUS - GASTON COUTÉ LES POÈTES POPULAIRES Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? Je veux être poète et je travaille à me rendre Voyant [...]. Lettre d’Arthur Rimbaud dite « du Voyant », à Georges Izambard. On considère communément le poète comme le truchement des muses, un aristocrate du verbe, un orfèvre de la langue dont l’œuvre serait réservée aux savants ou aux amateurs lettrés. Mais on oublie trop souvent que depuis Rutebeuf ou Villon, jusqu’à Rimbaud ou Prévert, celui-ci tire également sa matière poétique de la réalité (du monde extérieur ou de sa vie intérieure), soit pour la chanter, soit pour s’en complaindre. Le poète se reconnait alors comme un être de chair et d’os, inscrit dans une époque dont il se figure être le « Voyant ». Il « est celui qui inspire plus que celui est qui est inspiré » (Eluard), celui qui par l’émotion poétique nous fait intimement ressentir la facticité, voire la trivialité, de nos existences. Et c’est précisément à cette figure du poète « jeté dans le monde » que s’identifièrent deux grands représentants de la poésie française de la fin du XIXe siècle, Jehan Rictus et Gaston Couté. Jehan Rictus ou « le cœur populaire » Longtemps négligé par les universitaires car considéré comme un écrivain « populaire », Jehan Rictus n’en reste pas moins l’une des plumes les plus remarquables de la fin du XIXe siècle, et la qualité de son œuvre n’a rien à envier à celles de ses illustres contemporains : Rimbaud, Verlaine, Corbière, ou Cros. Tôt livré à lui-même, il fut acculé à exercer de petits métiers (balayeur, garçon de course, manœuvre…) et à fréquenter les vagabonds de la capitale. Cette expérience fut au fondement de son œuvre poétique. Il y puisa les situations (tableaux de la pauvreté citadine) et le matière verbale (les tournures langagières du peuple et l’usage de l’argot) qui constituèrent le fond et la forme des Soliloques du pauvre. Il faut néanmoins se garder comme les critiques l’ont trop souvent fait de réduire les poèmes de Jehan Rictus à de simples pochades pittoresques, à l’invention de figures archétypales de la misère et de rabaisser son œuvre au rang de curiosité littéraire. Ce serait méconnaître la profonde sensibilité du poète et l’incontestable empathie qu’il éprouve à l’égard de ceux dont il décrit la difficile condition. Chacun de ses personnages est une personne, de chair et d’os ! Et si les Soliloques du pauvre firent florès dans tous les cabarets montmartrois, valurent à leur auteur une incontestable célébrité et une (relative) aisance, ce serait également se tromper gravement sur leur valeur stylistique que de vouloir en faire des pièces faciles, de simples potacheries de chansonnier, au lexique simplifié ou aux tournures argotiques systématiques. La richesse des métaphores et des comparaisons, l’usage des assonances et des allitérations et les jeux sur les rimes sont la preuve, au contraire, d’une riche activité poétique. Il est donc temps de faire de nouveau entendre la voix de Jehan Rictus, peintre de la vie sociale, loué par Céline et par Queneau, dont la légendaire générosité le conduisit à défendre le travail poétique de nombre de ses contemporains. A commencer par Gaston Couté, dont il fut très sensible au talent : « …Georges Oble et moi, nous nous trouvions incontestablement en présence d’un adolescent de génie qui, à ses dons extraordinaires, joignait déjà une technique des plus habiles et la connaissance approfondie du métier… » Gaston Couté, le « gars qu’a mal tourné » Gaston Couté eut une carrière fulgurante. Celui que l’on affublera du qualificatif de « poète-paysan » quitta à dix-huit ans son Loiret natal pour monter à Paris en 1898, avec quelques vers en poche, comme l’avait fait plusieurs années plus tôt le jeune Rimbaud. Après les épreuves des jours sans pain et des nuits sans gîte sur les coteaux montmartrois, il collaborera à la revue La Bonne Chanson de Théodore Botrel, puis finit par connaître le succès dans les cabarets de la Butte. Néanmoins «s’il atteignit la gloire, il ne connut jamais l’aisance» écrit Michel Herbert (La Chanson à Montmartre, La table ronde, 1967). Et d’ajouter : « C’est au point qu’un soir, un noctambule qui avait heurté du bout de sa canne un gros tuyau de ciment gisant sur un chantier de la Compagnie du Gaz eut la surprise d’en voir sorti Couté mal réveillé. Injurié par celui-ci, l’autre s’excusa, convia le chansonnier à souper et lui loua pour une semaine un gîte plus normal dans un hôtel de Montmartre ». Dans ses poèmes aux accents libertaires, il fustige les bourgeois, son époque, les « hideurs » de la fausse charité, de la fausse raison et de la bigoterie. Il fait partie de la petite poignée d’artistes qui, alors, défendent un principe qui fut cher aux Communards, celui de l’égalité des femmes et des hommes. Ses œuvres sont d’une facture puissante et sont autant de cris de révolte d’une âme simple et intègre se dressant face à une société moutonnière pour laquelle « l’honneur quient [tient] dans l’carré d’papier d’un billet d’mille ». A l’instar de celle de Jehan Rictus la poésie de Couté est empreinte d’oralité. Souvent écrite en patois beauceron, la puissance de ses sonorités et la vitalité de son rythme traduisent encore aujourd’hui l’urgence de sa création. Victime de l’alcoolisme, le poète mourut en 1911, à l’hôpital Lariboisière, laissant une œuvre admirable. Et comme le chante si bien Prévert: « Longtemps, longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu /Leurs chansons courent encore dans les rues… » Christophe Lointier © 2017 Frémeaux & Associés Daniel Mesguich a joué dans de nombreux films (sous la direction entre autres d’Ariane Mnouchkine, Francis Girod, François Truffaut, Michel Deville, James Ivory, Alain Robbe-Grillet) et de nombreuses pièces de théâtre (Platonov, Hamlet, Dom Juan…). Il a mis en scène près de deux cents spectacles pour le théâtre (Médée d’Euripide, Électre de Sophocle, Hamlet, Le Roi Lear, Roméo et Juliette, Titus Andronicus, La Tempête et Antoine et Cléopâtre de Shakespeare, La Dévotion à la croix de Calderon, Andromaque, Britannicus, Bérénice, Mithridate et Esther de Racine, Dom Juan de Molière, Cinna de Corneille, Le Prince travesti et La Seconde Surprise de l’amour de Marivaux, Le Prince de Hombourg de Kleist, Marie Tudor de Hugo, Lorenzaccio de Musset, Platonov de Tchekhov, Tête d’or de Claudel, mais aussi Le Diable et le Bon Dieu de Sartre, Folie ordinaire d’une fille de Cham de Julius Amédé Laou, Le Désespoir tout blanc de Clarisse Nicoïdski, L’Histoire (qu’on ne connaîtra jamais) d’Hélène Cixous…) et l’opéra (Le Grand Macabre de Ligeti, Der Ring des Niebelungen de Wagner, La Passion de Gilles de Boesmans, Un bal masqué de Verdi, Gogol de Lévinas, Wozzeck de Berg, La Damnation de Faust de Berlioz, Elephant Man de Petitgirard…). Il a dirigé le Théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis et le Théâtre national de Lille. Ancien élève du Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, il y est professeur depuis 1983 et en a été le directeur de 2007 à 2013. Il donne de nombreuses master classes dans le monde entier (Chine, États-Unis, Hongrie, Bosnie, Mexique). Il a également traduit plusieurs textes dramatiques (Euripide, Shakespeare et Kleist) et publié plusieurs essais sur le théâtre (L’Éternel éphémère aux éditions Verdier, notamment). Longtemps considéré comme un écrivain « populaire », Jehan Rictus, anarchiste et poète de la misère moderne, n’en reste pas moins l’une des plumes les plus remarquables de la fin du XIXe siècle, et la qualité de son œuvre n’a rien à envier à celles de ses illustres contemporains : Rimbaud, Verlaine, Corbière, ou Cros. Il était temps de faire de nouveau entendre la voix de Jehan Rictus, loué par Céline et par Queneau, et qui défendit le travail poétique de nombre de ses contemporains. À commencer par Gaston Couté, celui que l’on affublera du qualificatif de « poète-paysan ». Dans ses poèmes aux accents libertaires, il fustige les bourgeois, son époque, les « hideurs » de la fausse charité, de la fausse raison et de la bigoterie. L’interprétation juste et sensible de Daniel Mesguich permet d’entendre la puissance de ces œuvres empreintes d’oralité, tout en donnant à saisir les bribes de vie des gens de peu. Claude Colombini Frémeaux CD1 - Jehan Rictus : Soliloques du pauvre CD2 - Jehan Rictus : Le Cœur populaire CD3 - Gaston Couté : La Chanson d’un gas qu’a mal tourné |
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