Dur comme fer, il se croyait la cible élue du désastre, le souffre-douleur personnel de toutes les oppressions, le préjudice incarné. Son appétit de persécution aurait trouvé refuge dans la folie, si la musique ne lui avait accordé le privilège d’être plus fou encore. Alain GERBER
Les coffrets « The Quintessence » jazz et blues, reconnus pour leur qualité dans le monde entier, font l’objet des meilleurs transferts analogiques à partir des disques sources, et d’une restauration numérique utilisant les technologies les plus sophistiquées sans jamais recourir à une modification du son d’origine qui nuirait à l’exhaustivité des informations sonores, à la dynamique et la cohérence de l’acoustique, et à l’authenticité de l’enregistrement original. Chaque ouvrage sonore de la marque « Frémeaux & Associés » est accompagné d’un livret explicatif en langue française et d’un certificat de garantie.
He blindly believed himself to be disaster’s chosen target, the personal whipping boy of all kinds of repression, prejudice incarnate. His appetite for persecution would have found refuge in madness if music hadn’t granted him the privilege of being even madder. Alain GERBER Frémeaux & Associés’ « Quintessence » products have undergone an analogical and digital restoration process which is recognized throughout the world. Each 2 CD set edition includes liner notes in English as well as a guarantee. This 2 CD set present a selection of the best recordings by Charles Mingus between 1947 and 1960.
DIRECTION ARTISTIQUE : ALAIN GERBER AVEC DANIEL NEVERS ET ALAIN TERCINET
DROITS : DP / FREMEAUX & ASSOCIES
CD 1 (1947-1957) - LIONEL HAMPTON & HIS ORCHESTRA (10/11/1947) : MINGUS FINGERS (C.MINGUS). CHARLES MINGUS JAZZ COMPOSERS WORKSHOP (31/10/1954) : TEA FOR TWO (V.YOUMANS). CHARLES MINGUS QUINTET (30/01 & 13/03/1956) : PITHECANTHROPUS ERECTUS (C.MINGUS) • TONIGHT AT NOON (C.MINGUS) • HAITIAN FIGHT SONG (C.MINGUS). CHARLES MINGUS “TIJUANA MOODS” (18/07/1956) : YSABEL’S TABLE DANCE (C.MINGUS). CHARLES MINGUS “EAST COASTING” (6/08/1957) : WEST COAST GHOST (C.MINGUS). CHARLES MINGUS “A MODERN JAZZ SYMPOSIUM” (8/10/1957) : SCENES IN THE CITY (C.MINGUS).
CD 2 (1959-1960) -CHARLES MINGUS QUINTET (16/01/1959) : NOSTALGIA IN TIMES SQUARE (C.MINGUS). CHARLES MINGUS “BLUES & ROOTS” (4/02/1959) : MY JELLY ROLL SOUL (C.MINGUS) • MOANIN’ (C.MINGUS). CHARLES MINGUS“AH! HUM!” (5 & 12/05/1959) : SELF-PORTRAIT IN THREE COLORS (C.MINGUS) • BIRD CALLS (C.MINGUS) • GOODBYE PORK PIE HAT (C.MINGUS) • BETTER GIT IT IN YOUR SOUL (C.MINGUS). CHARLES MINGUS “MINGUS DYNASTY” (1/11/1959) : SONG WITH ORANGE (C.MINGUS) • GUNSLINGING BIRD (C.MINGUS). CHARLES MINGUS ORCHESTRA “PRE-BIRD” (24/05/1960) : BEMOANABLE LADY (C.MINGUS). CHARLES MINGUS PRESENTS CHARLES MINGUS (20/10/1960) : ORIGINAL FABLES OF FAUBUS (C.MINGUS).
Liste des articles de presse consacrés à ce CD :
- « Une précision et une érudition sans faille » par Salon Littéraire « Dans l'histoire du jazz, le contrebassiste, compositeur et chef d'orchestre Charles Mingus (1922-1979) occupe une place singulière. Par sa personnalité explosive. Sa révolte constante contre le racisme et l'ordre établi. Sa sensibilité d'écorché vif. Son caractère aussi irascible qu'imprévisible, le précipitant dans des colères mémorables dont faisaient les frais aussi bien ses musiciens que le public de ses concerts. Cette personnalité ombrageuse fait mieux que se traduire dans sa musique : elle en est le moteur, elle la sous-tend. Même dans ses compositions les plus apaisées, elle se laisse deviner, sous l'apparente (et provisoire) sérénité, à on ne sait quelle sourde impatience. Musicalement, une sorte de jalon à une croisée des chemins. Profondément marqué par ses racines négro-américaines, blues et gospel tel qu'il le découvrit dès l'enfance à la Holiness Church et dont la transe ne cessera de l'inspirer. Par Duke Ellington, qu'il idolâtre et dont l'influence est manifeste sur sa conception orchestrale. Par Charlie Parker et le bebop dont il est, à plus d'un titre, l'héritier et dont il prolonge l'énergie. En même temps, habité par des conceptions révolutionnaires, en accord avec son état d'esprit. Elles se traduisent par les explosions collectives, spontanées, qui jalonnent ses enregistrements. Un chaos volontairement entretenu, mais dont la sincérité ne saurait être mise en doute.
Préfigurant les exigences libertaires du free jazz. Il n'est, du reste, pas illégitime de voir en lui un précurseur de ce courant contestataire - même si son oeuvre conserve des structures parfaitement maîtrisées et reste, au moins par intermittence, habitée par le swing. Pour faire connaissance avec ce personnage hors normes qui marqua son époque sans générer cependant de disciple explicite, pour écouter quelques-uns de ses chefs-d'oeuvre incontestables de la période 1947-1960, rien de mieux que le coffret de deux CD que lui consacrent Frémeaux et Associés dans leur collection "The Quintessence". Un mot d'abord sur ces Quintessences. Déjà plus d'une soixantaine de publications, de Bessie Smith et Louis Armstrong à Stan Getz et Miles Davis, de Django Reinhardt à Billie Holiday. Parmi les dernières sorties, Art Pepper, Ahmad Jamal, Bill Evans, Cannonball Adderley, Max Roach. Aucun de ces coffrets ne laisse indifférent. Outre leur qualité technique, tous sont remarquables par la pertinence de la sélection et la richesse d'un livret qui ne laisse rien ignorer du musicien, de son époque et de son oeuvre, des circonstances des enregistrements, de tout ce qui permet d'appréhender au mieux son originalité. Pour s'en tenir au coffret Mingus, il s'ouvre sur une composition d'icelui, Mingus Fingers, qu'il enregistra à la fin de 1947 avec le grand orchestre de Lionel Hampton et qui témoigne déjà de ses qualités d'arrangeur. Il se poursuit avec des extrais significatifs de tous les albums marquants gravés durant la première partie de sa carrière, dont "Pithecanthropus Erectus" et son morceau éponyme, " Tijuana Moods", "Blues & Roots" avec un Moanin' homonyme mais différent de celui de Bobby Timmons, "Ah ! Hum !" et autres "Mingus Dynasty". Sans compter "Charles Mingus Presents Charles Mingus" et son emblématique Original Fables Of Faubus, composé vraisemblablement dès 1957, enregistré, pour ce qui est de cette version (la plus prenante), en 1960, en compagnie de Dannie Richmond, Eric Dolphy et Ted Curson. Une diatribe virulente contre le gouverneur de l'Arkansas qui venait de s'illustrer à Little Rock, provoquant des émeutes sanglantes et devenu le symbole vivant de la ségrégation raciale.
Autant de joyaux présentés dans un écrin digne d'eux. Je veux parler des textes d'Alain Tercinet et d'Alain Gerber dont la collaboration fait merveille depuis des lustres et constitue un des attraits essentiels d'une formule en tous points attachante. Le premier commente le contenu musical avec une précision et une érudition sans faille. Nulle aridité, toutefois, dans son propos que viennent pimenter des anecdotes, des jugements, des citations éclairantes. Quant au second, directeur en titre de la collection, il connaît l'art de brosser un portrait, de suggérer en quelques images les traits marquants d'une personnalité. D'en saisir l'originalité. De Charles Mingus, "écorché vif sur un lit de clous", il écrit qu'il se croyait "la cible élue du désastre, le souffre-douleur personnel de toutes les oppressions, le préjudice incarné." On ne saurait mieux dire. Toute sa présentation, véritable poème en prose, est de la même eau. La plus pure, la plus limpide. La plus pertinente aussi, à n'en pas douter. » Par Jacques ABOUCAYA – SALON LITTERAIRE
- « Mingus revivifie les fondamentaux du jazz » par Jazz Mag-Jazzman Durant toute sa vie de rebelle écorché vif, Mingus aura été à la recherche d’une identité impossible, toujours menacée, parce que brouillé par la malédiction de la bâtardise. Impossible donc de fixer l’image d’un seul Mingus. Dès que l’on croit l’attraper, elle se dédouble, se démultiplie, se trouble et nous échappe. Comment rassembler les pièces éparses et contradictoires d’un tel puzzle ? Par l’écoute de son œuvre. Pleine de bruit et de fureur, toute sa musique est le reflet éclaté, baroque, luxuriant de cette quête désespérée d’unité. C’est une musique de colère et de tendresse, violemment engagée dans son temps et enracinée dans l’expressionnisme du blues et du gospel. Ce florilège Frémeaux est pour l’essentiel tirée de disques régulièrement disponibles sous leur pochette d’origine (« Oh Yeah », « Blues and Roots », « Ah Hum », « Mingus Dynasty », « Pre-Bird », etc.) et qui devraient figurer dans toute bonne discothèque. Concocté par Maître Alain Gerber et Docteur Alain Tercinet, il s’impose néanmoins pour le nouvel amateur comme l’introduction idéale au monde de Grand Charles. D’autant qu’on y trouve le fondateur et rare Mingus Fingers de 1947, les dix minutes de West Coast Ghost, extraites d’« East Coasting », mais aussi Scenes of the City, superbe pièce aux variations de tempo incessantes, qui se veut comme « a modern jazz symposium » et, enfin, Original Fables of Faubus dans sa version Candid et canonique (1960) avec Dolphy et Ted Curson. Avec l’instinct de l’artificier, « le gros Ming, épouvantail du petit Charlie juché sur ses épaules » (Gerber) dans toutes les plages de ce double CD fait voler en éclats toutes les conventions, revivifie les fondamentaux du jazz, réactive la transmission orale et ainsi permet l’invention de ce que Francis Marmande appelle « une esthétique de la catastrophe ». Pascal ANQUETIL - JAZZ MAG/JAZZMAN
Liste des crédits sur ce CD :
Charles Mingus-lionel Hampton & His Orchestra , Charles Mingus , Charles Mingus Jazz Composers Workshop , V. Youmans , Charles Mingus Quintet , Charles Mingus Tijuana Moods , Charles Mingus East Coasting , Charles Mingus A Modern Jazz Symposium , Charles Mingus Blues & Roots , Charles Mingus Ah! Hum! , Charles Mingus Mingus Dynasty , Charles Mingus Pre-bird , Charles Mingus Presents Charles Mingus