« Un ‘contre-poison’ aux venins de notre temps » par Lire

Après le livre 1 (par lequel il n’est pas sûr qu’il faille commencer pour entrer dans les Essais de Montaigne), voici l’édition sonore des livres 2 et 3. Tous les chapitres n’y sont pas repris, et ceux qui y figurent ont subi des coupes sévères. Mais, par bonheur, elles ne nuisent en rien à la vigueur du propos et semblent même respecter la manière de son auteur qui se flattait de lire « sans ordre et sans dessein, à pièces décousues ». L’œuvre, depuis longtemps, fait partie de celles que l’on n’étudie guère dans nos lycées. A peine la rencontre-t-on en classe de philosophie. On la lit peu ; l’écoutera-t-on plus ? L’éditeur, lui, en fait le pari. Il est vrai qu’il s’est donné un bel atout en en confiant la lecture à Michel Piccoli : la voix de l’acteur insuffle à ces Essais une telle vitalité qu’ils s’en trouvent éclairés et – ce qui est souvent même chose – éclairants pour la vie de chacun. De quoi donner raison à Etiemble qui avait vu en cette œuvre un « contre-poison » aux venins de notre temps.    
Jérôme SERRI - LIRE