Jonnhy Hess a toutes les audacespar Chorus

La carrière de Johnny Hess peut-être qualifiée de foldingue ou de zazou. Ce qui, au fond, revient sensiblement au même. Une dizaine d'années tout au plus... Et au milieu de tout cela, une guerre mondiale que la musique de l'intéressé semble ignorer ou, mieux encore, narguer. Swing en 1938, Hess devient zazou en 1942. Le comble de la résistance pour un Suisse ayant passé toute son enfance à Neuilly! Au début des années trente, Johnny s'était, il est vrai, déjà illustré en compagnie d'un autre olibrius. Un certain Charles Trénet avec qui il avait formé un numéro de duettistes. En 38, il franchit bel et bien le pas. "J'ai sauté la barrière, hop là!" Tout est dit ou presque. Pour bien se faire comprendre, il précise tout de même que "zazou, zazou, zazou, zeh!" Bref que la chanson se décline dorénavant sur d'autres portées musicales. Johnny Hess fait alors cavalier seul. Pour le meilleur... et pour le pire. En 43 du reste, il persiste et signe en lançant à la tête de l'occupant : "ils sont zazous"! La jeunesse bien sûr, exulte. "Frou-frou", le vénérable succès de la Belle Epoque, passe aussi à la moulinette d'un rythme échevelé. Car Johnny Hess a toutes les audaces. Formé à l'école de la réclame, il se souvient sans doute de ses adaptations radiophoniques avec Trénet, ou en solo pour les cigarettes Méwa. Cette intégrale nous restitue ces différents titres grâce à la passion des collectionneurs patentés que Daniel Nevers, comme à son habitude, régale dans un livret méticuleux à souhait. Bien que maigrichonne (sur la quarantaine de chansons proposées figurent de nombreuses moutures des même titres ainsi que des reprises de différents interprètes), l'oeuvre de Johnny Hess n'en demeure pas moins primordiale. A l'origine de l'éclosion du genre de Charles Trénet, elle est en effet à la source de plusieurs vocations. Souvenons-nous par exemple d'Aznavour dont on retrouve ici "A tâtons", chanson cosignée avec Hess en 1951. "Lequel de Charles ou de Jonnhy était le plus fou chantant ?", se demandait Brassens, cet autre admirateur du compositeur de "Je suis swing" avant d'ajouter :"Il n'écrivait pas les paroles de ses chansons. Ca lui a été fatal. C'est pas juste." Bien vu, Georges ! Serge DILLAZ - CHORUS