« Le respect de la sonorité initiale » par Chorus

Michel Desproges est entré en chanson grâce à la poésie. Admirateur de Villon, de Prévert, de Couté, de Baudelaire, il s’est mis à aimer Brassens, Brel puis à composer, à écrire des textes et à les chanter. Ce disque n’est donc pas le fruit du hasard. C’est un hommage à l’auteur des Fleurs du mal et, à travers lui, à tout le courant poétique qui a ensemencé sa vie, sa trajectoire. Avec Desproges, les vers de L’Albatros, du Serpent qui danse, des Bijoux ou de La Servante au grand cœur serpentent sur les cordes de la harpe, du violoncelle, de la guitare. Aucun effet. Rien qu’une fidélité où la déclamation familière du compositeur-interprète se fond à une mélodie chantée dans le respect de la sonorité initiale. On aurait tort de se laisser aller à des comparaisons, d’évoquer les adaptations de Ferré, par exemple. Pour goûter pleinement ce travail, il convient de revenir à une simplicité qui, dans le fond, ne doit pas être bien éloignée de la volonté baudelairienne. Ici et là, la voix du comédien Jean-Louis Trintignant – belle et profonde – introduit certaines plages par des petits textes extraits des Journaux intimes et de la Correspondance du poète. Ces intermèdes rappellent que Baudelaire fut également un critique réputé et que ses jugements, ses réflexions possèdent le même mordant que sa poésie. Serge DILLAZ - CHORUS