« Standards et originaux furent arrangés méticuleusement » par Jazz Mag-Jazzman

Loin d’être le résultat d’une jam-session familiale réunissant Romane, figure majeure du jazz manouche, et ses deux fils, « Guitar Family connection » a été mûrement pensé, préparé, peaufiné. Standards et originaux furent arrangés méticuleusement. On porta également grande attention au son de l’orchestre. Car il s’agit bien d’un orchestre. Chaque instrumentiste investit tour à tour diverses fonctions (ligne de basse, accompagnement, solo). Par souci de cohérence, pour faciliter permutations et interactions, les trois instruments sont réglés de façon à obtenir des sonorités très proches. C’est peut-être ce qui amena le publicitaire de service à parler « d’un musicien à six bras » alors qu’au contraire la similitude des sons invite à aller au-delà de l’immédiat, du spectaculaire, à prendre le temps de s’intéresser à tous les éléments du discours et donc à découvrir trois musiciens aux identités bien distinctes. Amusez-vous par exemple à étudier la place de la composante manouche dans leurs jeux. Pour Romane, évidemment, elle est la base même du style. Chez Richard, qui a une culture guitaristique très large (cf. « Why Note », Label bleu, 2013, pour sa facette la plus « moderne »), on repère facilement des phrasés ou des ponctuations venant tout droit du jazz manouche, mais c’est une composante parmi d’autres. Quant à Pierre, le plus américain des trois, sa prestation m’a rappelé son intervention à la fin du documentaire consacré à Richard sur le second Selmer 607 : « La première phrase que j’ai apprise, c’est une phrase de George Benson ». On le croit volontiers. Guy CHAUVIER – JAZZ MAG/JAZZMAN