« Michel Onfray philosophe alternatif » interview par Béatrice Sutter - Revue ADN

B.S. : Comment parvenez-vous à rendre la philosophie plus appétente ?
M.O. : En évitant de me placer sur le terrain de la domination du maître et de la servitude des disciples : je n’ai pas besoin d’une cour. Dans mon séminaire de « Contre-histoire de la philosophie », je me mets au service des pensées d’autrui et je ne mets pas autrui à mon service : je suis un passeur des idées des autres. Je les sers et ne veux pas m’en servir. Après treize années de ce séminaire qui a couvert vingt-cinq siècles de pensée occidentale, j’ai ouvert un autre chantier qui est celui d’une « Brève Encyclopédie du monde ». Cette fois-ci, je m’autorise à enseigner ce que je pense personnellement. Pour autant, je m’inscris toujours dans la grande tradition de lisibilité de la philosophie française qui, hormis une parenthèse ouverte avec Sartre en 1943 et fermée avec les derniers structuralistes dans les années 1990, a toujours été limpide, claire, lisible. Au XVIIIe siècle, vous ne trouverez aucun philosophe français illisible : Voltaire, Rousseau, Montesquieu, Diderot, d’Holbach, La Mettrie, Helvétius, Condillac sont même aussi des écrivains. Même chose avec les philosophes français du XIXe – Proudhon, Fourier, Comte, Maistre. Ou du XXe jusqu’à Alain – Guyau, Lachelier, Bergson. Ne pas mépriser son public et ne pas vouloir le transformer en petit soldat de ses idées, voilà la seule règle.
Par Béatrice SUTTER – REVUE ADN