« L’un des meilleurs choix possibles pour cerner l’œuvre de Lady Day » par Jazz Magazine

Intégrale ? Sélection autour d’une époque ou d’un label ? Simple « best of » ? Chez Frémeaux le « best of » s’appelle « Quintessence », une collection de doubles albums consacrés aux grands du jazz. Lorsqu’en 1995 Alain Gerber prépara celui consacré à Billie Holiday (« The Quintessence, 1935-1944 »), il devait bouillir de frustration d’être limité à l’année 1944 par le respect du droit de l’interprète et du producteur. Deux ans plus tard, il livrait une deuxième « Quintessence » élargie (1934-1946). Vingt ans après, en tandem avec Alain Tercinet, toute l’œuvre de Billie tombée dans le domaine public, il a constitué une sélection non plus élargie, mais chronologiquement complémentaire aux deux précédentes. Traversant les périodes Decca et surtout Clef-Verve, c’est bien une quintessence que sélectionnent et commentent Gerber et Tercinet dans un esprit d’amoureuse exigence, sortant même des séances officielles pour nous offrir un « Lover Come Back To Me » en concert au Storyville de Boston avec Stan Getz, un « Blue Moon » de la tournée européenne de 1954, le formidable « Billie’s Blues » de 1956 au Carnegie Hall qui concentre toute la douleur et la joie de Billie Holiday, et le fameux « Fine and Mellow » télévisé avec Lester Young, Insistant sur les merveilles de 1954 à 1956 avec ses complices de l’écurie Verve, la sélection retient ce qu’il faut des dernières séances avec cordes. Bref, si Frémeaux n’arrive pas à la cheville de certaines rééditions Decca, Columbia ou Verve sur le plan du packaging, les trois « Quintessence » (plus le « Lady Day & Prez » chez le même éditeur) constituent, en termes de sélection et de commentaire, l’un des meilleurs choix possibles pour cerner l’œuvre de Lady Day.
Par Franck BERGEROT  - JAZZ MAGAZINE