« Ce disque est absolument indispensable » par Afrik

« Les éditions Frémeaux rendent hommage à Stellio (1885-1939), clarinettiste martiniquais de génie, qui fit découvrir la Biguine au public parisien, dans les années 30, musicien très populaire alors qui enregistra une trentaine de disques. Qui connaît encore Stellio, jazzman martiniquais qui fut une star dans le Paris des années 30, et dont les funérailles, en 1939, attirèrent une foule nombreuse à Notre-Dame-de-Paris, ainsi que le relate sa veuve dans un témoignage audio inclus dans le quadruple coffret qui vient de sortir, aux éditions Frémeaux : « Stellio, l’étole de la musique créole »
(…) Dans ces années 30, tout le Paris fêtard est entiché des musiques antillaises, et de la Biguine, découvertes au Bal Blomet, bal populaire créé par l’homme d’affaires martiniquais Jean Rezard-Desvouves en 1924, qui deviendra bientôt le rendez-vous du Tout-Paris « branché » de l’époque. Dans les années 40, la concurrence des musiques cubaines, et du jazz venu d’Amérique après la guerre, auront bientôt raison des musiques antillaises – qui auront ainsi été les premières musiques « noires », avec la centralité donnée au rythme et à la vitalité, à séduire les Français de métropole… Stellio enregistra une trentaine de 78 tours, et c’est une sélection de ses succès que le label Frémeaux nous offre aujourd’hui : un coffret de 4 cds, titres composés entre 1932 et 1938, qui fait suite à un premier coffret consacré aux années 1929-1931. Biguines bien sûr mais aussi valses, polkas, mazurkas, et autres musiques de danses. Car ne l’oublions pas : ces musiques étaient faites pour animer des bals et faire danser les foules, en ces années de l’entre-deux-guerres où l’on dansait énormément, et au moins tous les samedis soir, aussi bien aux Antilles qu’en métropole ! Le grand clarinettiste de jazz Benny Goodman (1909-1986) disait de Stellio, qu’il avait entendu à Paris, qu’il était « le plus grand instrumentiste de France » ! La magie de la technologie du CD permet de faire ressusciter cet autre grand clarinettiste, venu des Antilles, et de faire justice à son immense talent. Avec son livret de plusieurs pages, remarquablement documenté, rédigé par Jean-Pierre Meunier, ce disque est absolument indispensable à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des musiques antillaises ou à l’histoire du jazz en France. Car les musiques antillaises et la Biguine, à Paris dans les années 20 et 30… c’était du jazz avant la lettre ! »
Nadia KHOURI DAGHER – AFRIK