« Un album bien plus qu’estimable » par Nos Enchanteurs

« Il est loin le temps du duo David et Dominique (David Jisse et Dominique Marge), né en 1967 d’une rencontre au bord d’une autoroute et qui, dès l’année suivante remporte un premier concours de la chanson avant d’enregistrer leur premier 45 tours en 1969 chez CBS. Le duo fera sa dernière apparition en 1980, à Bourges. Il laisse dans nos souvenirs quelques disques savoureux, dont La parole est malade, en 1977. Et l’adaptation française du « tube » d’Idir, A vava inouva. Décédé l’an passé, David Jisse s’était éloigné de la chanson, accaparé qu’il fut par le travail de studio, la musique expérimentale et l’art radiophonique (…). Chassez le naturel qu’il revient au galop : David Jisse s’était remis à la chanson sur ce qu’il n’imaginait sans doute pas être la fin de sa vie. Et avait créé, en 2018 avec la pianiste Nathalie Fortin (ici aux piano, clavietta et componium) et le multi-instrumentiste Michel Risse (ici aux percussions, harmonica et objets sonores), un nouveau spectacle issu de la rencontre entre ces deux univers : « Assis sur ma valise-Détour de chant ». Voici l’enregistrement de ce spectacle : seize titres, tous de David Jisse à l’exception d’un texte de Jacques Bertin, dont il avait composé la musique (En vieillissant) et de la reprise de La mémoire et la mer de Léo Ferré.
Jisse avait pour projet un nouvel album chanson, quarante ans après le précédent, alors en duo avec Dominique. Ce nouvel album, le voici : sa famille, les musiciens et l’ingénieur du son qui l’accompagnaient ont uni leurs efforts pour nous offrir un tel cadeau, bien bel hommage à l’artiste disparu. Après l’intégrale David & Dominique parue en 2016, le label Frémeaux & associés parachève son travail et sort ce coffret qui nous révèle un artiste sensible, « touche-à-tout, doux rêveur, passeur de mots et de mélodies, malicieux, poétique, sincère et engagé ». Par principe, nous ne faisons pas ici la critique du disque, fut-il inédit, d’un artiste défunt. Mais l’occasion nous est donnée de découvrir un pan entier de son œuvre et, ma foi, un album bien plus qu’estimable. Dans son plus beau posthume. Pour s’en persuader, laissons parler le texte en intro du livret : « Trois musiciens complices, trois orpailleurs de sons, trois amoureux des mots. Ils inventent et composent. Avec un train qui passe. Un verre qui sonne comme une cloche. Le piano jouet joue. Les métronomes se battent en duel. Un mégaphone manifeste. Les mots sont là. Des explosions sauvages. Des frottements très doux. La note retenue. Un silence qui dure plus que de raison. Toutes ces catastrophes qui prêtent à rire. Mais une histoire d’amour belle à pleurer. Des chansons ». Tout est dit. »
Par Michel KEMPER – NOS ENCHENTEURS