Birth of Be-Bop par Jazz Magazine

« Mieux qu’une compilation, une leçon d’histoire en 36 preuves : une révolution ne s’accomplit pas en un jour, eût-elle Charlie Parker et Dizzy Gillespie comme initiateurs." P.L. RENOU – JAZZ MAGAZINE

« Mieux qu’une compilation, une leçon d’histoire en 36 preuves : une révolution ne s’accomplit pas en un jour, eût-elle Charlie Parker et Dizzy Gillespie comme initiateurs. De lester Young dans Shoe Shine Boy (36) à la séance de novembre 45 dont le Koko de nos insurgés peut servir d’étalon pour juger du caractère achevé du bop, le choix opéré insiste sur les transitions, les passages de témoins entre deux générations qui au long de cette décennie se sont côtoyées au sein de phalanges mixtes. Car c’est sous la houlette des grands chefs de la Swing Era que de bouillonnants jeunes turcs, plutôt que de s’en tenir à huiler les rouages, ont disposé comme il fallait des grains de sable propres à faire dérailler la machine, en entraînant à l’occasion quelques anciens qui ne demandaient qu’à voir du pays. L’accent est mis davantage sur les continuités entre les styles, classique et moderne, qui, la distance aidant, apparaissent avec plus d’évidence, que sur les différences qui polarisent alors l’attention d’une critique souvent hostile (et parmi laquelle il faut compter Nesuhi Ertegun et Norman Granz avant qu’ils ne fassent amende honorable). De cette confrontation des générations, les meilleurs sortent toujours vainqueurs, leur jeu excédant infiniment ce qu’il était censé incarner, gros d’un possible qu’ils ignoraient eux-mêmes – sans l’avoir exclu toutefois, c’est là leur force. Les Lester, Hawkins, Petitford étaient de cette trempe. Mais l’angle choisi révèle aussi d’éternelles figures de l’ombre auxquelles ce coup de projecteur redonne vie. Les Raeburn et autres Socolov retrouvent un statut historique qui passe de loin la sorte d’estime préludant à l’oubli qui est leur sort actuel. On regrettera d’autant plus que le mauvais œil qui veille sur Lucky Thompson l’ait encore exclu de cette anthologie. Accompagnée d’un livret abondant, cette judicieuse utilisation du domaine public montre la voie pour son exploitation intelligente, au service de thèses, preuves à l’appui. » P.L. RENOU – JAZZ MAGAZINE