Dans sa catégorie : le pied ! par Soul Bag

« Le western swing, un mélange de musique country, de blues et de jazz est certes susceptible d’intéresser les lecteurs de Soul Bag qui aiment sortir à l’occasion des sentiers battus. Gérard Herzhaft le sait lui qui a écrit un Que sais-je ? sur le blues et un autre sur la country music et qui a compilé cette vaste anthologie, très représentative du style et rédigé un remarquable historique pour Frémeaux & Associés.

L’irruption du swing dans la musique country propre au Texas et dans les danses échevelées qui l’accompagnèrent, avec contact physique entre partenaires, donna un souffle nouveau à un style bien conventionnel et prude. La “hot dance hillbilly” devint le “western swing” dans les années 40, avec une foule de variantes dont la plupart sont représentées ici et ce pour la première fois en disque compact, le fait mérite d’être souligné.

Le western swing c’est aussi la récupération des chansons de cow-boys, des valses et polkas, de la musique mexicaine et hawaïenne, avec les syncopes et l’improvisation en sus, c’est encore l’irruption de la grivoiserie dans la musique country (aussi inimaginable dans la musique country classique style “Nashville” et “Appalaches” que les danses de contact) avec Red’s tight like thar repris par les Tune Wranglers au duo noir Georgia Tom Dorsey - Tampa Red, Pussy pussy des Light Crust Doughboys (même origine !) ou encore Everybody’s truckin’ où les Modern Mountaineers s’amusent à prononcer Everybody’s fuckin’ de-ci de-là… On peut dire aussi que le western swing est à l’origine du “honky tonk” (Ernest Tubb et consorts), du bluegrass, du country-boogie et donc du rock and roll, de Bill Haley à Buddy Holly, de Jerry Lee Lewis à Carl Perkins et aux autres. C’est tout ce cheminement et ce foisonnement qui sont sensibles, plage après plage.

Bref on l’a compris, ce recueil est un régal de bout en bout pour qui a des goûts un tantinet éclectiques et accepte de sortir du ghetto des douze mesures, de temps en temps – et encore, avec Red’s tight like that ou Pussy pussy évoqués ci-dessus et autres Louise de J. Temple (Brown Musical’s Brownies) ou le Milk cow blues de Kokomo Arnold (Cliff Bruner), on n’est est pas très loin. Ces string bands conduits au violon et, à quelques occasions, accueillant un accordéon (Hillbilly Boys) ou des cuivres, plairont aussi aux amateurs de musique cajun… Dans sa catégorie : le pied ! » Robert Sacré – Soul Bag