« Des musiciens de premier plan » par le Hot Club de France

Ce quintet a été enregistré en 2010 à Grigny, avec Daniel-Sidney Bechet (batterie, leader), Olivier Franc (saxo soprano), Benoît de Flamesnil (trombone), Jean-Baptiste Franc (piano) et Gilles Chevaucherie (basse). Il s’agit ici d’un hommage rendu à Sidney à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa disparition en 1959. Le répertoire comprend donc quatorze compositions du Maître (ou attribuées au Maître…) sur les seize proposées, parmi lesquelles deux inédites, « I’ll be proud of you » et « Sweet Louisiana », bien arrangées par le quintet. Les deux pièces qui ne sont pas de Sidney (quoique souvent jouées par lui) sont « September song » et « Sweet Georgia Brown ». La présente petite formation est composée de musiciens de premier plan : nous ne reviendrons guère sur les mérites d’Olivier Franc et de Benoît de Flamesnil, complices depuis longtemps dans la résurrection de l’œuvre de Bechet, et tellement connus de leur public ! Le jeu riche et généreux de ces deux artistes a été bien souvent décrit dans les moindres détails. Et l’on ne regrettera pas trop d’entendre pour la énième fois des thèmes aussi rabâchés que « Passport to paradise, petite fleur, Si tu vois ma mère, Dans les rues d’Antibes » ou « Le marchand de poissons », car leur interprétation sans défauts, l’éclatante sonorité d’Olivier Franc et l’expressivité de Benoît de Flamesnil ne sont jamais à dédaigner, bien soutenus par une rythmique de qualité. Mais il n’en est pas moins vrai que les morceaux moins fréquentés, surtout ceux en tempo vif, seront davantage appréciés des amateurs chevronnés… Parmi ceux-ci, deux pièces très enlevées qui ouvrent l’album : « Suey » et « Happy go lucky blues », de structure curieusement identique, dans lesquelles s’affirment le swing et le dynamisme du batteur, la souplesse du bassiste et le jeu délié du pianiste. « Buddy Bolden stomp » est de la même veine, avec un Benoît de Flamesnil très inspiré et Jean-Baptiste Franc très brillant au piano. Ce dernier nous régale aussi dans « Sidney’s wedding day », avec un accompagnement en rythme boogie fort réussi, plein de souplesse, et un solo de basse épatant de Gilles Chevaucherie. « September song », parsemé de bons riffs de nos deux souffleurs, balance plaisamment ; « Sweet Georgia Brown » termine ce recueil sur un rythme déchaîné, avec interventions captivantes du trombone et du soprano, et surtout un long et emballant solo de batterie du leader . L’enregistrement est excellent, comme toujours chez Frémeaux, et la pochette présente une amusante photo de Sidney avec son fils Daniel encore bébé.
Par F.B.- LE HOT CLUB DE FRANCE