«Essentiel pour comprendre notre héritage» par Le Syndicat National des Enseignants de Second degré

« […] Frémeaux et associés permet aussi de renouer des liens avec Tony Murena, autre grand dans ce domaine. Il a beaucoup travaillé avec Viseur. Ses accompagnateurs sont tous issus de la cuisse de Django Reinhardt. Les frères Ferret – Baro, Sarane, Matelot – qui habitent, surtout Baro, quelques-uns des thèmes réunis dans ce coffret de 3 CD, pour des enregistrements entre 1939 et 1943 (CD 1 et 15 des 25 plages du CD 2). Ils dévoilent à la fois l’influence profonde et rapide de Django et la capacité de création des Ferret dans l’appropriation de ce nouveau langage2. Didier Duprat leur succédera et restera 15 ans avec l’accordéoniste. Un spécialiste de l’accompagnement qu’il faut absolument redécouvrir. Après la guerre, Tony Murena fera comme Django engageant des clarinettistes en lieu et place des guitaristes… Le climat changera. Tony Murena n’a pas été oublié. Il enregistrera jusqu’à sa disparition en 1971 – il était né en 1916 – des disques en grand nombre. Il devra se séparer de son style, de sa capacité à swinguer, se perdre donc pour répondre aux attentes d’un public qui recherche plus les valses musettes dites classiques… qui n’ont jamais vraiment existé. Il sombrera dans cette avalanche de musique inutile et trop marquée du sceau de la marchandise, de la répétition frénétique ! L’intérêt de ce coffret, « Tony Murena, swing accordéon, 1939 – 1949 » présenté par Francis Couvreux, est essentiel pour comprendre notre héritage culturel. Pour intégrer dans ce patrimoine la créativité de ces années d’Occupation. Rien d’étonnant. Les périodes les plus noires suscitent les nouveautés. Une sorte de nécessité pour dépasser ces temps où il est difficile de vivre. Ne restent que les œuvres de l’esprit, le rêve pour remplir le monde d’un univers différent. Le jazz libère ! »
Par Nicolas BENIES – SNES