Indispensable par Jazz Mag-Jazzman

Après les fulgurances des Hot Five et Hot Seven dans les années 20, après une tournée européenne décevante sur plusieurs plans entre 1933 et 1935 et des blessures récurrentes aux lèvres, Louis Armstrong, de retour à New York, poursuivit une carrière mêlant le meilleur et le moins bon sans jamais verser dans le médiocre. Tant il est vrai que quatre mesures de trompette lui suffisent pour imposer sa marque et que sa voix, dont il use de plus en plus, reste inimitable. Entre juin 1938 et octobre 1941, période couverte par ce volume 9, se succèdent donc émissions de radios, bandes sonores de films, concerts et enregistrements, essentiellement pour Decca. Louis s’y trouve diversement entouré et s’il sauve de la mièvrerie ses prestations, peu nombreuses à vrai dire, avec les Mills Brothers, les grandes formations qui l’entourent, ère swing oblige, sont de valeur fort variable. La meilleure, et de loin, reste celle de Luis Russel, devenue le Louis Armstrong Orchestra. Injustement décriée par certains, elle comptait, avec J.C. Higginbotham et Charlie Holmes, des solistes non négligeables et Sidney Cattlett lui insufflait un swing quasi constant. Les autres (Casa Loma, Benny Goodman ou un orchestre de studio pour un CBS Radio Show) servent surtout de faire-valoir au chanteur-trompettiste. Le disque 1 ne compte pas moins de quatre versions de Jeepers Creepers, dont une fantôme, non répertoriée, qui vient s’intercaler subrepticement entre Tiger Rag et I’ve Got Rhythm. Dans le All Stars réuni pour l’occasion et dont six titres sont ici reproduits, du beau monde : Fats Waller, Jack Teagerden, et Bud Freeman, entre autres. Du disque 2, on retiendra le savoureux Bye And Bye. Quant au 3e volet, il contient la séance avec Bechet du 27 mai 1940 et une nouvelle mouture du Hot Seven qui n’arrive pas à la cheville de l’original. On saluera, une fois de plus, le travail remarquable de Daniel Nevers, auteur d’un livret circonstancié qui ne laisse rien dans l’ombre. Indispensable.

Par Jacques ABOUCAYA – JAZZMAG-JAZZMAN