« L’âge d’or du music-hall français » par L’Express

Un de ces jours, je promets de vous pondre un beau papier, un vrai topo exhaustif sur la maison Frémeaux et Associés. Même si le terme peut sembler anachronique, Frémeaux est réellement le genre de boîte pour laquelle il convient de parler de « maison », plutôt que de label ou de firme, termes décidément trop corporatifs pour ces mordus de jazz classique, de musiques oubliées (biguine, western swing, musique hawaïenne, on trouve de tout dans leur catalogue) et, surtout, de toutes ces voix qui firent l’âge d’or du music-hall français. Chez Frémeaux, donc, on ne fait jamais les choses à demi. Les compils bâclées, réduisant un artiste ou une époque à quelques repères trop familiers, ne sont pas le genre de la maison. A l’instar de l’étiquette américaine Yazoo ou, plus près de chez nous, de la collection Les refrains d’abord, Frémeaux peut se vanter d’avoir sauvé de l’oubli une quantité inestimable de 78 tours antédiluviens, grâce à un fastidieux travail de recherche, de dépoussiérage et de compilation qui leur permet de nous livrer, par exemple, les seules intégrales Django (en vingt CDs) et Trenet (Déjà sept volumes!) dignes de ce nom. On pouvait donc compter sur eux pour faire revivre, sur une savoureuse Intégrale Mireille 1929-1939 (FA043/Distribution Nocturne), les années fastes de celle qui nous offrit Couchés dans le foin, Papa n’a pas voulu et Puisque vous partez en voyage, celle qui, avec Trenet, justement (dont elle partageait l’amour du jazz), sut le mieux marier poésie et humour, tendresse et irrévérence pour oxygéner la chanson française de l’entre deux guerres. Aujourd’hui, bien sûr, on associe plus souvent le nom de Mireille à son légendaire Petit Conservatoire, qui vit défiler un tas de ceux et celles qui définiraient la chanson française des années 50 et 60. Cette Intégrale offrira donc l’occasion de se rafraîchir la mémoire, et redécouvrir une œuvre qui jouait sur le contraste entre l’innocence de la voix et la malice sous-jacente au propos (à ce chapitre, Et voilà, voilà les hommes ! est une pure merveille), et dont l’un des principaux mérites est d’avoir ouvert la voie à Brassens, Perret, et même Renaud. L’EXPRESS