« La chanson n’a pas dit son dernier mot… » par Chorus

Qualité d’avant-guerre, pourrait-on dire! Perfection de la diction, sens aigu du public, sourires ravageurs et « accent du terroir » savamment cultivé. Un méridional et un parigot, issus tous deux de la dure école du caf’conc’. Montés sur scène dès leur plus jeune âge, Fernandel et Maurice Chevalier durent néanmoins attendre la trentaine pour commencer à enregistrer leurs chansons. Le premier, dans le style comique-troupier de Polin le second, dans celui plus cosmopolite des revues de music-hall. Une anthologie pour l’un une rétrospective pour l’autre ; voilà un choix éditorial qui correspond assez bien aux réalités discographiques de ces deux artistes que le cinématographe amena vers des destins différents. Dès 1930, c’est-à-dire dès son ascension parisienne, Fernand Contandin est sollicité par des metteurs en scène qui profitent de la vogue du parlant pour introduire dans leurs films des ritournelles franchouillardes, forgées sur mesure pour leurs vedettes. « Moi je vais au cinéma », chante Fernandel sur des paroles de Jean Manse qui restera l’un de ses auteurs de prédilection. Désormais, ses plus grands succès du disque seront ceux qu’il interprétera à l’écran : « Ignace », « Je te veux », « Ne me dit plus tu », «  Barnabé », « On m’appelle simplet »… Avec Chevalier, la palette s’élargit même si – de la revue parisienne au film hollywoodien – le gars de Ménilmontant conserve son image de Gavroche endimanché. Son émancipation artistique coïncide avec sa rupture avec Mistinguett (on écoutera avec jubilation « C’est ma bonne », parodie de « Mon homme »…). Consacré n°1 grâce à « Dans la vie faut pas s’en faire » (Dédé), Momo s’embarque en 1928 pour l’Amérique où le cinéma lui offrira des standards internationaux, comme « Louise ». Pour lui, la chanson n’a pas dit son dernier mot… Serge DILLAZ - CHORUS