« La famille des clarinettes » par Jazz Magazine

Un fascinant objet sonore, parfois même doté d’un pouvoir hypnotisant, notamment lors des séquences insistantes, pour la plupart des groupes d’instruments à vents privés d’accompagnants rythmiques (qu’on se souvienne, entre autres groupes homophones, des Saxophones Quartets), d’autant qu’ici la préoccupation dominante n’est ni de swinguer ni de groover mais plutôt d’inventer (à l’occasion en improvisant) des alliages et architectures jouant avec tous les registres de la famille des clarinettes. On l’aura compris : tout ça n’est pas très funky et pourrait bien décevoir les passionnés de jazz pur et dur. Reste, heureusement, tout les autres, familiers de John Carter ou Theo Jörgensmann et curieux de contrastes inouïs, ceux qui aussi qui attendaient une suite au « Dejarme solo » de Michel Portal – à noter d’ailleurs qu’on entend, dans le No no no signé par Foltz, comme une allusion (certains effets vocaux) au No non but It may be portalien de Chateauvallon 72. C’est dire que tout n’est pas perdu pour les jazzophiles de l’extrême, dans cette zone délicieusement incernable où « free (jazz) » et « (musique) contemporaine » se confondent. (Sans parler des professionnels et étudiants de l’instrument pour qui il pourrait bien devenir un ouvrage de chevet).
Philippe CARLES – JAZZ MAGAZINE