« La richesse et la complexité d’une période » par Jazz Magazine

Ce volume retrace les premières heures glorieuses de Parker, de sa première séance en leader, le 26 novembre 1945, à la première partie de son séjour sur la Côte Ouest. Le mérite de ces trois disques est au moins double : la présence de nombreux enregistrements réalisée avec des musiciens n’appartenant pas au cénacle des boppers fait apparaître la richesse et la complexité d’une période qui ne peut se réduire à une opposition stylistique binaire. Charlie et Dizzy s’amusent avec Slim Gaillard, le même jour (29 décembre 1945), se livrent pour la radio à une séance bop échevelée. Rupture avec le passé donc, mais un mois après, « I can’t get started » met en évidence la filiation Lester Young-Parker. Autre objet d’intérêt, la présence des alternate takes et des faux départs nous montre Parker au travail, et brise le mythe d’une spontanéité totale. Son chorus s’engage-t-il mal ? Un sideman commet-il une erreur ? La prise est interrompue. Parker n’aime pas les erreurs. Le texte d’Alain Tercinet où l’on reconnaît l’auteur de « Parker’s Mood » relie avec élégance les dix différentes séances rassemblées dans ce volume.
Martin GUERPIN – JAZZ MAGAZINE