« Le portrait réussi d’une grande Dame » par Soul Bag

Pianiste de grande classe, compositrice prolifique et arrangeuse de talent, Mary Lou Williams a toujours évolué au contact des courants novateurs du jazz tout en perpétuant la tradition. Artiste précoce, elle montre sa maîtrise du piano stride en enregistrant à 17 ans « The bumps » 1927 avec les Jeanette’s Synco Jazzers. Toujours ancré au blues le plus authentique, son jeu s’affermit « Night life » 1930, et gagne en liberté sous l’influence d’Earl Hines comme le montrent ses faces en solo « The Pearls, Mary’s boogie » ou en trio avec Bill Coleman « Blue Skies ». en 1936, elle devient, avec le saxophoniste ténor Dick Wilson, la principale soliste de l’orchestre d’Andy Kirk qu’elle alimente en arrangements  « Mary’s idea ». L’une de ses compositions, « Walkin’and  singin’ » deviendra « Down’s on Teddy Hill » sous les doigts de Charlie Christian et inspirera à Thelonious Monk son fameux « Rhythm-n-ning ». Au même moment, elle dirige les Six Men and a Girl et les Kansas City Seven où brillent le trompettiste Harold Baker et Dick Wilson. Très sollicitée, elle écrit des arrangements pour Jimmie Lunceford, Benny Goodman, Tommy Dorsey et signe pour Duke Ellington la partition du célèbre « Trumpet no end »1946, adapté de « Blue Skies ». La même année, elle s’attelle à la « Zodiac Suite » dont Jean-Paul Ricard, l’auteur compétent de cette compilation assisté de Jean Buzelin pour la discographie, nous donne à entendre quelques extraits. Ses sympathies pour le bebop sont concrétisées par ses faces avec Idrees Sulieman « Knowledge » et Dizzy Gillespie «Carioca ». Après un séjour en Europe où elle enregistre avec Don Byas, elle se tournera vers la religion et se consacrera à des œuvres charitables. Le portrait réussi d’une grande Dame.
Par Alain TOMAS – SOUL BAG