« Les 7 coffrets contiennent chacun leur lot de chefs-d’œuvre » par ABS

Septième et dernier coffret qui rassemble sur le CD1 trois faces inédites que Tharpe a gravées avec Chris Barber Jazz Band en décembre 1957 ainsi que 12 faces gravées live en Europe à l’été 1960 et publiées peu après par Southland Records. De la séance anglaise on retient à la fois l’aisance avec laquelle Rosetta s’adapte à des partenaires improbables et aussi la retenue des dits partenaires qui n’essayent pas de s’imposer. Les faces Southland reprennent pas mal de faces déjà anciennes dans la discographie de Tharpe et aucune n’arrive à la cheville des originales, l’intérêt se porte donc sur des faces moins « usées » comme I can’t sit down et Mansion in the sky, même si elles ne sont pas exceptionnelles. Le CD2 reprend les 9 faces enregistrées par Katie Bell Nubin, mère de Rosetta et très bonne chanteuse elle-même, avec Dizzy Gillespie et son orchestre à New York en janvier 1960 pour Verve, on pense que Rosetta au piano en alternance avec Junior Mance mais elle ne chante pas, les parties de piano en tout cas sont sensationnelles. Cette association d’une grande prêtresse du gospel avec un orchestre be bop semble incongrue à première vue mais, contre toute attente, elle fonctionne fort bien de bout en bout car Gillepsie (tp) et Leo Wright (as) jouent le jeu, discrets et complices, Wright est vraiment dans le ton et met en valeur le chant de Nubin (I shall not be moved, etc) tandis que Dizzy ne joue que sur les 3 dernières faces mais chante en duo avec Nibin sur Where’s Adam (le plus bebop des morceaux avec une intro de trompette impériale) et sur Come over here. Les 12 faces suivantes sont d’avril 1961, certaines en concert, d’autres en studio ; elles sont gâchées par des chœurs inopportuns et sirupeux (The Lonesome road, There’s a hand leading me…), parfois c’est moins pénible (Woman, God is wonderful), voire super (Everything to me, As you sow so shall you reap, Faith in God, Look in the Good Book brother). Le CD3 est la cerise sur le gâteau : 9 faces de Tharpe en décembre 1961 avec les Gospel All Stars (une chorale noire qui ferait rentrer sous terre les désastreuses chorales des CD1 et CD2), puis 8 faces de Marie Knight avec Sammy Price dont deux de décembre 1948, superbes sauf pour les calamiteux Dependable Boys (non, on ne peut pas compter sur eux !) sur Gospel train et une de juillet 1949 avec Brownie McGhee très en phase avec Knight (I thank you Jesus) et pour finir, une face très rare de 1955 avec un groupe féminin mais aussi quelconque que rare. Les 7 coffrets contiennent chacun leur lot de chefs-d’œuvre du post war gospel de l’Age d’Or. Robert SACRE - ABS