Les plus importantes contributions de «La Bakaire» par L’Express

Disons-le tout de suite: Joséphine Baker était une interprète médiocre. Lorsqu’on la compare à ces contemporaines - Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Bessie Smith, pour ne nommer que celles-là, force est de constater que l’espiègle de St Louis ne pesait pas lourd. Son registre, sa technique, ne serait-ce que la portée très restreinte de sa voix, auraient dû la reléguer à l’anonymat des chorus lines de ces revues américaines dont elle était issue. Mais si elle ne brillait pas par ses talents strictement musicaux (ce qu’elle était la première à reconnaître), Joséphine à eu le génie de l’opportunisme, c’est à dire de savoir se trouver au bon endroit – Paris - au bon moment - les années 20. Et le don de s’inventer un personnage qui alliait l’exotisme et la modernité. Et l’érotisme à la fantaisie. Et la France, et le reste de l’Europe, dans la foulée, projetteraient allègrement sur elles leurs fantasmes. D’abord révélée aux Folies Bergères, puis consacrée au Casino de Paris, Baker deviendrait le symbole - le totem, diront certains - d’une génération qui se plongeait avec volupté dans ce grand bain de sensations jusque-là inconnues ou interdites, jazz en tête. Avec le recul, bien sûr, force est de reconnaître un certains charme aux enregistrements qui remontent à ces années où Paris, à coup de tangos, biguines et congas cubaines, cimentait sa réputation de carrefour universel. Joséphine Baker 1927-1939 (Frémeaux & Associés FA /Importation) rassemble sur deux compacts les plus importantes contributions de « La Bakaire » à ce tourbillon : J’ai deux amours, La petite Tonkinoise et Si j’étais blanche (qui, mine de rien, précède de 35 ans le Je veux être noir de Nino Ferrer !), mais aussi une poignée de standards d’outre-Atlantique (Blue Skies, You’re Driving Me Crazy) sur lesquels on retrouve parfois la merveilleuse guitare d’Oscar Aléman. Quant à ces titres qui cultivaient un exotisme tout-terrain (Haïti, Sous le ciel d’Afrique, Alger, Aux îles Hawaï), ils reflètent moins la spécificité de Baker que le climat général d’une époque qui en était encore à recueillir les fruits du colonialisme et des expositions universelles. Et qui, du coup, alimentait une curiosité, un appétit de métissage qui fleurissent aujourd’hui sous le nom de worlmusic. L’EXPRESS