Moins tragique que Damia, intense aussi dans un registre plus léger par Télérama

« C’était une très belle dame aux yeux très bleus. Lucienne Boyer, née Emilienne-Henriette en 1903, fut modiste, modèle (notamment pour Foujita), doublure au music-hall avant de gagner le devant de la scène. Toujours vêtue de bleu (on l’appelait “le bleu Royer”), la ravissante, en qui Vian voyait Eve elle-même, créa des succès intemporels comme Parlez-moi d’amour. Broadway, Hollywood lui firent un triomphe. Elle revint quelque vingt ans plus tard chanter à Carnegie Hall, accompagnée par Toscanini. A Paris, l’Olympia la fêta une dernière fois en 1976, sept ans avant sa disparition. Cette anthologie, qui ne couvre qu’une partie de sa carrière, donne à entendre ce qui fit de la dame une vamp : cette note voilée dans la voix, qui accentue sa sensualité ; ce répertoire énormément amoureux, mélanco, malicieux, épicé de quelques kitscheries, fantaisies d’opérettes ou vignettes coloniales (Estampe marocaine). Moins tragique que Damia, intense aussi dans un registre plus léger, Lucienne Boyer a ouvert la voie à des Gréco, des Barbara, des Annes Baquet. » Anne-Marie Paquotte – Télérama