Opinion de Marguerite Duras sur François Mitterrand

Quand je me souviens de vous pendant la guerre, de cette période de notre vie où nous étions jeunes, je vous vois à la fois dans une crainte profonde et constante de la mort et en même temps dans une disposition non moins constante à la braver. Vous étiez d’une espèce de courage dont je n’ai jamais trouvé l’équivalent – excusez cette confidence que je ne vous avais jamais faite. Vous étiez d’un courage à la fois raisonnable, raisonné, et fou.
Comme si combattre votre propre peur de la mort avec des actions quasi suicidaires était la passion véritable de votre vie. (…)
Vous n’imaginez pas la curiosité que vous développez, et que vous développerez sans doute jusqu’à la fin de votre vie. Chaque Français a, avec vous, une relation personnelle.
Je n’ai jamais vu ça.
Marguerite Duras
Marguerite Duras – François Mitterrand, Le Bureau de poste de la rue Dupin et autres entretiens, © 1985 - 2006  Gallimard (Va paraître en Sept 2007 dans la collection « A Voix Haute » dirigée par Prune Berge, l’enregistrement original du livre qui viendra compléter les Entretiens Inédits parus chez Frémeaux & Associés).