Un coffret indispensable... par Travel in Blues

« La country music n’a jamais eu très bonne presse chez les amateurs de blues. Antagonisme historique ? Indigestion de Nashville Sound ? Allez savoir…  » Etienne Guillermond – Travel in Blues

« La country music n’a jamais eu très bonne presse chez les amateurs de blues. Antagonisme historique ? Indigestion de Nashville Sound ? Allez savoir… Pourtant, les « petits-blancs » du Sud n’ont pas toujours distillé cette musique mièvre et sirupeuse si caractéristique des radios américaines. Grand défenseur du blues devant l’Eternel, Gérard Herzhaft s’est mis en tête de réhabiliter la country music (d’avant-guerre) aux yeux des bluesfans. Ces derniers mois, il a signé chez Frémeaux & Associés plusieurs anthologies consacrées aux différentes facettes du genre : Hillbilly Blues, Western Swing, Country Gospel… Bien lui en a pris ! En révélant aux néophytes que nous sommes des artistes comme Bob Wills, les Sons of the Pioneers ou encore la Carter Family, pour ne citer que ceux-là, il a cassé le barrières et nous a ouverts des horizons nouveaux. Aujourd’hui, il enfonce encore le clou avec ce nouveau recueil consacré au Country Boogie. Rappel : durant toutes les années 20 et 30, le boogie-woogie, né semble-t-il au début du siècle à la Nouvelle-Orléans, fait un véritable tabac au sein de la communauté noire. Les artistes blancs, toujours à la recherche de nouveaux rythmes pour animer les dance halls, finissent par découvrir les fameux roulement de basses, dont la légende attribue la paternité au pianiste Pinetop Smith. La conversion est immédiate et la country des années 40, déjà nourrie de blues, de jazz et de hillbilly, se trouve emportée dans la tornade qui, plus tard, débouchera sur l’émergence du Rockabilly. Avec cette nouvelle anthologie, Herzhaft nous jette dans l’œil du cyclone… Ca tangue, ça swingue de toutes parts : on reste pantois devant la guitare magique d’Arthur Smith (« le plus grand guitariste américain », nous dit Herzhaft à juste titre), les violons frénétiques de Bob Wills ou de Cliff Bruner (ce type connaissait Stéphane Grappelli, c’est sûr !), les époustouflants soli de Bob Dunn à la steel guitar ou encore l’inventivité du pianiste Mancel Tierney. Tous les instruments s’y mettent : jusqu’à la trompette bouchée, l’accordéon, le banjo ou l’harmonica. Au total, c’est une trentaine de musiciens qu’Herzhaft a sélectionnés : beaucoup d’inconnus (injustement inconnus) mais aussi quelques grands noms comme Merle Travis, Hank Williams ou les Delmore Brothers. Au final, un coffret indispensable pour tous ceux qui veulent voir un peu plus loin que le bout de leur blues… » Etienne Guillermond – Travel in Blues