« Un régal ! » par Jazz Hot

Heureux propriétaires exclusifs d’une fabuleuse veine musicale, les sept de Pink Turtle exploitent, sans vergogne, avec toujours autant de fougue, d’énergie et de talent ce filon quasi inépuisable découvert voilà quelques années. Tels des alchimistes doués, ils ont enfin trouvé le secret de la transmutation des métaux « vils » en or ; la moindre scie poppisante devient sous leur imagination fertile, diamant aux quatre C (carat, clarity, colour, cut) et qu’en bons camarades partageux, ils n’hésitent pas à offrir – pas tout à fait gratuitement quand même !- à nos oreilles qui n’en peuvent mais. Et ce troisième volume ne déroge pas à la règle. De cette « Video [qui] killed the Radio Star » au tube de Steve Wonder « Isn’t She Lovely » déjà repris par Sonny Rollins et joué ici en valse, via ce « A Hard Day’s Night » des Beatles revisité dans le style jungle cher à Ellington, ils créent la surprise à chaque détour de sillon. Comme rien ne semble les effrayer, ils se permettent même le luxe indécent de reprendre le final éculé du « Lac des Cygnes » - « Rêverie » alias « Day Dream », version Wallace Collection – qu’ils métamorphosent en un shuffle dévastateur. Collage réussi au-delà de toutes espérances !Voilà de quoi redonner espoir à cet immense patrimoine international en sommeil qui ne demande qu’à retrouver some Body & Soul. Plus les plages se succèdent, plus ça swingue. Il est vrai que le big band dirigé par Marc Richard, venu prêter main-forte sur quelques faces, n’est pas en reste. En clair, un véritable travail de création, récréatif en diable. Pour toutes oreilles surtout les bouchées, les revêches et les… intégristes. A les soigner ainsi, sans parler d’une fin de déprime programmée, Pink Turtle ferait faire des économies à la Sécurité Sociale. Des bienfaiteurs de l’humanité, vous dis-je, des déménageurs de haut vol, qu’il faudrait citer un par un même si leur humilité devait en souffrir. On rêverait maintenant de les voir à l’œuvre sur le vaste répertoire de chansons françaises, toute qualité confondue. Ils s’y étaient déjà essayés, live, avec l’incontournable «Alexandrie Alexandra». Un régal ! Peut-être qu’un de ces jours… Ceci est une autre histoire. Jean-Jacques TAIB – JAZZ HOT