« Un univers d’une indéniable originalité » par Chants…Songs

« L’homme n’était pas toujours d’un abord sympathique, mais une chose est sûre : Guy Béart a marqué la chanson française de sa voix cassée et de son style sûr et délié. Guy Béart et ses interprètes permet de retrouver l’intégralité de ses premières chansons, mises en boite entre 1957 et 1962 avec des classiques : Qu’on est bien, Bal chez Temporel, Laura, Changernagor et, bien entendu, L’Eau vive. Ce fils d’une comptable et autodidacte et d’une mère sans profession, et qui était né le 16 juillet 1930 au Caire, s’intéressa très tôt aussi bien à la musique qu’aux mathématiques. Et c’est au Liban où sa famille s’installa en 1940 qu’il se découvrit une passion pour la littérature française. Installé en France, il décrochera un diplôme d’ingénieur, suite à son passage à l’École Nationale des Ponts et Chaussées sans pour autant oublier sa passion pour la chanson. Et ses premières chansons, Béart les fera découvrir au public en se produisant le soir, après son travail dans un laboratoire de physique et de chimie, dans les petits cabarets de la Rive Gauche. Que ce soit à l’Escale, au Port du Salut et à la célèbre Colombe. C’est Brassens qui lui conseillera à poursuivre dans cette voie. Et grâce à sa rencontre avec Jacques Canetti, le patron du renommé Théâtre des Trois Baudets, il se produira à l’essai sur cette scène qui en vit débuter tant d’autres. Et décrochera un contrat avec les éditions musicales Tutti et surtout une série d’enregistrements avec les disques Philips où Canetti introduisait ses protégés.
Outre les premiers enregistrements de Béart, ce coffret a un autre grand atout : celui de réunir les interprètes de l’artiste. Et quels interprètes ! Il faut écouter Juliette Gréco dire, de sa diction si précise, Qu’on est bien et Chandernagor; Patachou donner de la voix sur la réjouissante L’Agent double et Changernagor pour découvrir d’une autre manière ces textes sans âge. Cerise sur le gâteau, figurent dans le coffret la superbe version de Michel Simon de Printemps sans amour et, plus étonnante encore, celle de Il n’y a plus d’après par Anthony Perkins. Bref, des années particulièrement fécondes pour une certaine chanson française. Et où la plume d’un Guy Béart fit naître un univers d’une indéniable originalité. »
Par François CARDINALI – CHANTS… SONGS