Une joie de vivre par Trad Magazine

Si les musiques traditionnelles sont celles que l'on chante en travaillant, que l'on dance ensemble, qui trouvent leur place dans la fête... Alors la nuance avec les musiques populaires n'est pas prête d'être clarifiée ! La période du Front Populaire fut une époque terrible (depuis 1932-1933), avec chômage et misère à la clé. Mais paradoxalement elle fut aussi celle des espoirs politiques et d'une joie de vivre débridée, d'un goût pour les bals et la fête, jusqu'au coeur des usines en grève. Mes parents et mes grands-parents ont toujours mélangé les chansons traditionnelles qu'ils m'ont apprises avec la fantaisie presque surréaliste de Ray Ventura, la musette d'Albert Préjean et l'une des mazurkas les plus délicieuses que j'aie entendues était "la Tonkinnoise" popularisée par Joséphine Baker, jouée au violon avec le coup d'archet du rigaudon par Emile Escal, du Champsaur. Ces mélodies ont servi à remplir les cahiers de chansons de l'entre-deux-guerres, où cultures urbaine et paysanne s'imbriquaient à qui mieux mieux. On a même écrit des paroles en langue régionale sur les airs des succès de Damia... On peut aussi dire, avec une rancune fondée, qu'à cette époque l'argent et le disque ont tué le vieux répertoire; c'est vrai que les indices de vie consacrent toujours la mort de ce qui a fait la vitalité des générations précédentes. En  être conscient n'est pas forcément en être complice. Résister peut passer par l'écoute de cette anthologie en 2 CD... Claude RIBOUILLAULT - TRAD MAGAZINE