« Une voix troublante et vibrante » par Blues & Co

Même classée parmi les plus grandes chanteuses de jazz avec Billie Holiday et Ella Fitzgerald, Mahalia Jackson a toujours voulu éviter de chanter cette tendance profane (seulement deux titres seront enregistrés avec Duke Ellington) ainsi que le blues considéré comme musique du diable. Notre gospel singer voulait se consacrer uniquement à la musique sacrée. Pour la convaincre de participer au festival de jazz de Newport en 1958, le producteur John Hammond s’était adressé au disc-jockey Joe Bostic : celui-ci ayant réussi à la faire accepter d’introduire le gospel, malgré un public destiné au jazz. Ce huitième volume de la diva du gospel reprend cinq titres enregistrés à Chicago le 11 juin 1957 ; des extraits de la bande originale du film « Saint Louis blues » relatant la vie du mythique W.C. Handy avec la participation de Nat King Cole au piano et le jeune Billy Preston à l’orgue qui sera considéré plus tard comme le cinquième Beatle ; deux morceaux de jazz sous la houlette du grand chef d’orchestre Duke Ellington et son concert devant 10000 personnes au Newport jazz festival 1958 avec le Mildred Falls trio. Joe Bostic aurait déclaré : « Ce fut le plus grand témoignage du pouvoir hypnotique d’un artiste ». Devant une voix aussi troublante et vibrante, on ne peut que donner la note maximale et cela depuis le premier volume consacré à sa carrière. Je vous invite à retrouver le livret qui accompagne ce disque du grand spécialiste Jean Buzelin qui officie avec le même talent dans la bible trimestriel du blues de « Soul Bag ». Pour vous persuader à mon tour de vous procurer une partie de l’âme chantante de l’intemporelle voix du gospel, je me suis documenté dans le précieux ouvrage réalisé par maître Buzelin. Bruno MARIE – BLUES & CO