Françoise Dolto & L’École de La Neuville – DVD
Françoise Dolto & L’École de La Neuville – DVD
Ref.: FA4017

UN FILM DE FABIENNE D ORTOLI ET MICHEL AMRAM

Ref.: FA4017

Label : Frémeaux & Associés

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Présentation

Il était une fois trois jeunes gens et une psychanalyste atypique dans l’après Mai-68…
Centenaire Françoise Dolto !

« L’éducation est le fondement même d’une société – voire d’une civilisation – en ce qu’elle permet de pérenniser son savoir, sa culture et sa pensée.
Pourtant, les hommes et les femmes qui se sont intéressés à la pédagogie et qui ont cherché à en intellectualiser les principes n’ont pas, dans nos sociétés, la reconnaissance que l’on accorde volontiers aux autres chercheurs en sciences exactes, en sciences humaines ou en philosophie. Ce film est la véritable démonstration d’une pensée qui, en articulant pragmatisme et expérimentation, parvient à dépasser tous les paradigmes de l’éducation. Il affirme l’extraordinaire apport de la pensée de Françoise Dolto au XXè siècle, et sa matérialisation dans une école : l’école de la Neuville, créée et dirigée par Fabienne d’Ortoli et Michel Amram. Classé dans les documentaires, ce film se regarde pourtant comme une fiction, tant pour sa facture cinématographique que pour le caractère faussement romancé de cette utopie devenue réalité (pour reprendre les mots de Colette Percheminier, des archives Françoise Dolto).
Une production passionnante, qui révèle et consacre ce que la pédagogie a de noble et d’enthousiasmant et qui vient rappeler à tous l’importance des débats sur l’école, la transmission des savoirs et la construction de soi. »
Patrick Frémeaux
Droits : Frémeaux & Associés Télévisions en accord avec Ecole de la Neuville.



Livret

Françoise Dolto & La Neuv illeDVD

Françoise Dolto & La Neuville


Sommaire

Dvd 1
Françoise Dolto & La Neuville   97 mn


Dvd 2

Françoise Dolto commente l’institution neuvilloise   9 mn

Michel Plon évoque sa collaboration avec la Neuville   9 mn

Deux psychanalystes à l’école   13 mn

Une scéance de travail avec Michel Plon   17 mn

Parrain & Marraine   27 mn


Le film et les compléments de programme ont été réalisés par Fabienne d’Ortoli & Michel Amram, fondateurs et actuels responsables de l’école.

Images complémentaires et montage : Emmanuelle Dupouy et Louis Blanchet-Kapnist.
Mixage et étalonnage vidéo : Vincent Blanchet.
Sous-titrage anglais : Perle Mohl.


Nous remercions l’équipe pédagogique de la Neuville pour sa collaboration, ses conseils, le soutien apporté à ces réalisations pédagogiques : Emmanuel Audusse, Rania Makhoul, Saturnin Mesnil, Zoé Mesnil, Clémence Morisseau, Sébastien Pesce, Bouchaïb Zouggari. Nos plus vifs remerciements à Catherine Dolto et Colette Percheminier (directrice des Archives Françoise Dolto) qui ont rendu possible le tournage du film « Françoise Dolto & La Neuville »


«Vous savez que je me donne complètement à la tâche de la prévention chez les enfants et chez les jeunes. L'Ecole de la Neuville va dans le sens de tout ce qui me préoccupe.»
Françoise DOLTO (Lettre à Jack Lang, Ministre de la Culture, Avril 1982)


Dans ce double dvd
Françoise Dolto, pédagogue

Projeté pour la première fois, il y a dix ans, à l’UNESCO, « Françoise Dolto & La Neuville », inédit en dvd à ce jour, devient, avec le temps, un film précieux à plus d’un titre. Il conte l’histoire encore peu connue de la relation privilégiée de la psychanalyste avec La Neuville. Cette école et ces personnes, elle les soutiendra jusqu’à son dernier souffle, comme l’a écrit Catherine Dolto. Et de leur côté, Fabienne, Michel, Pascal et les enfants qu’ils accueillent, vont lui permettre de vérifier dans les dernières années de sa vie que nombre de ses hypothèses concernant l’école n’étaient pas aussi utopiques qu’on se plaisait à le lui dire pour réduire au silence la plus remuante des détracteurs du système scolaire français. Ensemble, ils vont même réussir une approche pédagogique originale dans ce lieu qui constitue, sans doute, une des expériences éducatives majeures de la seconde moitié du XXème siècle, en plaçant vraiment l’enfant au centre du projet éducatif : « L’enfant n’est pas un parasite ou un objet de cette école, il est sujet vivant dans cette école » commente Françoise Dolto dans le film. Ce film c’est aussi l’occasion de voir Françoise Dolto à l’œuvre, réfléchissant tout en parlant d’un sujet qui la passionne : l’éducation, depuis son cabinet de la rue Saint Jacques. Par la magie du cinéma, voici la chronique de « L’école avec Françoise Dolto* » mise en scène, la description minutieuse mais aussi fulgurante « d’une autre manière d’être en Société à l’école ». C’est enfin, grâce à des images inédites, et souvent bouleversantes un témoignage sur Françoise Dolto au travail, avec sa générosité, sa lucidité, son génie.


Dans le second dvd, on pourra trouver une conversation inédite entre Françoise Dolto, Fabienne d’Ortoli et Michel Amram dans laquelle elle énonce les éléments essentiels de la réussite neuvilloise. Ce document est complété par un témoignage de ces derniers, fondateurs de l’école avec Pascal Lemaître, sur la façon dont ils ont travaillé avec leur marraine mais aussi dont ils ont pu tirer les enseignements de ce travail pour le reconduire, selon d’autres modalités, avec Michel Plon, psychanalyste, qui collabore avec l’équipe de la Neuville depuis la disparition de F. Dolto. On pourra entendre Michel Plon s’exprimer sur cette succession et même suivre une des séances de travail, auxquelles il participe régulièrement et qui paraissent si indispensables au processus pédagogique neuvillois. Enfin, un dernier complément de programme met en parallèle la collaboration de Fernand Oury** et celle de Françoise Dolto auprès de l’école de La Neuville. Il permet de comprendre les influences respectives et spécifiques de chacun, instituteur et psychanalyste, mais aussi communes de ces deux champions de la cause de l’Education.  Il accrédite, en outre, l’idée que Françoise Dolto avait l’étoffe d’une pédagogue même si elle eut peu d’occasions de le montrer, elle qui enfant rêvait d’être médecin d’éducation.

*Le rôle du désir dans l’éducation. Editions ESF et Livre de Poche.
**Pédagogue français (1920-1988). Fondateur de la Pédagogie Institutionnelle.


La collection
L’école avec Françoise Dolto

« L’école avec Françoise Dolto », c’est d’abord un livre paru en octobre 1990 aux Editions Hatier dans la collection dirigée alors par Catherine Dolto. Ecrit un an après la mort de la psychanalyste, le livre, sous-titré « Le rôle du désir dans l’éducation » raconte à la fois l’aventure pédagogique des Neuvillois et les quinze années que dura la collaboration avec celle qui fut la marraine de l’école. Il fallut dix ans pour en voir la version cinématographique. Sorti en VHS avec deux films dans le coffret : Françoise Dolto & La Neuville (ici réédité) et Les Règles du jeu qui ne ressortira pas dans sa forme initiale. Dix autres années plus tard, L’école de la Neuville entreprend de produire une collection de films à paraître en 2008-2009.Cette collection prendra la forme, de trois « double dvd » avec, dans chaque coffret, un film et de nombreux compléments de programme qui accompagneront et prolongeront les propos du film apportant les informations additionnelles indispensables. Cette collection offrira sur l’ensemble du travail accompli à L’Ecole de La Neuville des vues à la fois fragmentaires et multiples, nécessaire pour comprendre l’ensemble des processus pédagogiques et institutionnels en jeu. Le prochain film de la collection abordera le sujet de la Pédagogie Institutionnelle en donnant à Fernand Oury la place qui lui revient pour son influence sur le projet neuvillois. Le suivant sera consacré à l’histoire de l’école à l’occasion du 35éme anniversaire de sa fondation.


« L’Ecole avec Françoise Dolto » est dédié à la mémoire de Colette Langignon, assistante sociale au Centre Etienne Marcel, puis psychologue clinicienne et psychanalyste. » Co-fondatrice de La Maison Verte.


« Un film de Michel Amram et Fabienne d’Ortoli aurait un gros impact sur ceux qui, en pédagogie, sont en sincère recherche et au service d’enfants qui dans un encadrement comme celui de la Neuville peuvent s’épanouir socialement. »
Françoise DOLTO (Lettre à Jack Lang, ministre de la Culture, Mars 1985)


Le film
Françoise Dolto & La Neuville
Quand l'utopie devient réalité… par Fabienne d'Ortoli et Michel Amram*

Nous n'avions pas eu l'occasion de prendre connaissance de l'ensemble des propositions pour l'école de celle qui allait devenir notre marraine, lorsque porteurs de notre projet d'école, nous avions cherché puis trouvé un local pour nous installer en Normandie, à la Neuville-du-Bosc. Nous étions plus familiers des ouvrages de Fernand Oury dont Vers une pédagogie institutionnelle que Françoise Dolto avait préfacé. Elle avait eu, à plusieurs reprises déjà, l'occasion de collaborer avec l'instituteur et de dire tout le bien qu'elle pensait de ses méthodes. Nous, nous trouvions les critiques de Françoise Dolto fondées et ces textes subversifs. Nulle part nous n'avions trouvé un écho aussi juste à nos propres idées sur l'école. Et comme nous, elle n'était pas du métier. Et puis nous l'avions rencontrée et nous avions été surpris mais surtout enthousiasmé par son approche positive de l'éducation. Il y avait quelque chose d'inexplicable pour nous, presque magique, dans son intérêt pour la Neuville. Sa proche collaboratrice Colette Langignon nous donna la clé. Elle nous raconta, bien des années plus tard, sa première impression concernant les Neuvillois qu'elle savait très proche de celle de Françoise : Quand je vous ai vus, je vous ai reconnus tout de suite, je me suis dit ceux-là ils en sont... de ceux qui ne feront pas de mal aux enfants parce que Dieu sait que dans les institutions, il y a des gens redoutables. Je savais que je n'aurai pas du tout ce problème avec vous. Vous aviez un enthousiasme tout à fait extraordinaire. Vous étiez très sérieux. Mais sans vous prendre au sérieux. Vous n'étiez pas imbus de vos idées. Elles étaient très fortes mais on sentait qu'elles pouvaient être soumises à votre critique interne et à celle des autres. Je me suis dit que je pouvais vous faire confiance et j'ai incité l'Institution dans laquelle je travaillais (le Centre Etienne Marcel) à le faire aussi..


 « L'accueil, le discours de Françoise Dolto, à notre endroit, étaient pleins d'encouragement. Le projet était possible, viable. Elle estimait que nous étions même tout à fait placés pour le réussir, à la fois parce que nous en avions le désir et les capacités mais aussi parce que notre utopie répondait à un besoin, à une nécessité. La psychanalyste nous identifia à ce que nous avions affirmé vouloir être, en nous situant dans un monde où les choses étaient possibles et, pour certaines, même, souhaitables; monde dans lequel elle-même occupait une place signifiante. Le tout ne pouvant être rendu crédible à des jeunes gens si sceptiques que par l'usage d'une désarmante confiance dans son prochain et une absence de complaisance dont le moindre de ses propos était marqué. Cette première rencontre fit que l'école de la Neuville, jusqu'alors esquisse et plate-forme, devint chantier. Cette entrevue d'une heure fonda non seulement la relation entre Françoise Dolto et la Neuville mais aussi la Neuville elle-même. »
Fabienne d’ORTOLI & Michel AMRAM (L’Ecole avec Françoise Dolto, octobre 1990)


Lors de cette première rencontre, Françoise Dolto s'était montrée très réticente pour nous recevoir et la porte encore entr'ouverte, après les présentations, elle nous dit : …mais je ne vois pas bien pourquoi c'est moi que vous venez voir... ni ce que je peux faire, c'est ce que je vous ai dit l'autre jour au téléphone... il y a sûrement des gens plus compétents pour répondre à votre demande... Extraordinaire modestie ? Nous savons que Françoise Dolto n'avait pas de temps à perdre en pareilles coquetteries. Plus sûrement humilité. Elle savait s'en tenir à son champ de compétence. L'école n'en faisait pas partie. C'est-à-dire ne faisait pas partie de sa pratique mais elle avait ses idées. C'est même parce que ce n'était pas son terrain que certains ne se privaient pas de déclarer utopiques ses propositions, sans autre forme de procès. Cette rencontre qui fonda la Neuville eut-elle un caractère réciproque ? Après cette visite, elle nous adressa des enfants, qu'elle suivait en psychothérapie, des enfants en grande difficulté. Colette Langignon en témoigne: A la première visite que j'ai faite à la Neuville, j'étais surprise que vous ayez des enfants aussi difficiles, des cas aussi lourds, mais c'était fabuleux, vous vous en tiriez remarquablement. Je ne sais pas si c'est du fait de tous ces enfants différents que vous aviez accueillis ou si c'est du vôtre mais il y avait à la Neuville, une tolérance, un regard qui ne jugeait pas mais qui tenait compte de l'autre. Ce qui est exceptionnel. Il n'y avait pas de peur donc pas de rejet ou d'agressivité. Ça circulait autant que faire se pouvait et il se pouvait beaucoup. De notre côté, nous sortîmes euphoriques de cette rencontre mais sans savoir pourquoi. Ce qui se passa, ce jour-là, nous avons mis des années à en comprendre les effets. L'accueil, le discours de Françoise Dolto, à notre endroit, étaient pleins d'encouragement. Le projet était possible, viable. Elle estimait que nous étions même tout à fait placés pour le réussir, à la fois parce que nous en avions le désir et les capacités mais aussi parce que notre utopie répondait à un besoin, à une nécessité. La psychanalyste nous identifia à ce que nous avions affirmé vouloir être, en nous situant dans un monde où les choses étaient possibles et, pour certaines, même, souhaitables; monde dans lequel elle-même occupait une place signifiante. Le tout ne pouvant être rendu crédible à des jeunes gens si sceptiques que par l'usage d'une désarmante confiance dans son prochain et une absence de complaisance dont le moindre de ses propos était marqué. Cette première rencontre fit que l'école de la Neuville, jusqu'alors esquisse et plate-forme, devint chantier. Cette entrevue d'une heure fonda non seulement la relation entre Françoise Dolto et la Neuville mais aussi la Neuville elle-même. Et puis nous avons poursuivi notre chemin, et petit à petit, nous avons construit notre projet. Les années passaient. Fernand Oury est venu nous voir, nous encourager, nous engueuler, nous montrer ce qu'il fallait faire.


« Il y a à la Neuville, ce que j’appellerai un climat de ventilation de santé : tolérance de ce que chacun fait et éveil dans chaque enfant du sens social. Car très souvent, c’est ce que l’on voit dans le milieu social, l’enfant ne fait que redupliquer sa famille : il voit comme un papa, comme une maman dans les professeurs. Mais à la Neuville, c’est différent, c’est une nouvelle manière d’être, une manière d’être dans en Société à l’école. »
Françoise DOLTO (Françoise Dolto & La Neuville, août 1998)


Françoise Dolto, elle, ne voulait pas venir*. Mais elle suivait la démarche, très attentivement, depuis son cabinet de la rue Saint Jacques. Quelques années après, quand le dernier élève qu'elle avait suivi eût quitté la Neuville, nous l'avons invitée à Tachy. L'école, qu'elle visita en compagnie d'enfants lui plut beaucoup. Quand j'ai vu à Tachy, votre maison, j'ai davantage compris. Je peux dire que ce qui m'a le plus intéressée, c'est de parler avec quelques enfants sans que vous fussiez avec moi, ni l'un ni l'autre. Des enfants qui parlaient ouvertement à cette visiteuse et m'ont dit ce qu'il y avait à faire dans la maison. Enfin, ils étaient comme chez eux, tout à fait, et parlaient avec amour de ce lieu où ils vivaient. Disant quelques mots sur les camarades qui montraient qu'il y avait un esprit de corps. C'est par la vie sociale, par la coopération et la solidarité quotidienne, dans les besognes nécessaires à la vie du groupe, par la responsabilité de tâches qui sont complètement acceptées, prises en charge, assumées par des enfants à qui on fait confiance, que peu à peu ils se rendent compte, qu'ils sont indispensables, qu'ils sont à leur place. Nous avions été sensibles à la façon dont elle avait remercié Fabienne, en nous quittant ce jour-là, pas seulement pour notre accueil mais pour ce que nous faisions là… Un peu plus tard, encore, nous l'avions sollicitée pour parler de la Neuville dans un film. Sa façon de verbaliser ce que nous avions entrepris, ce que nous avions mis en place, nous avait bouleversés.  Je vous ai connus du temps que vous étiez à la Neuville. J'avais alors en cure psychanalytique des enfants qui étaient vraiment très marginaux; en  difficulté dans des familles qui avaient elles aussi beaucoup de difficultés de leur fait et du fait de ces enfants. Et cette école, cette pension, a été pour ces enfants un lieu qui a permis que leur traitement se passe. C'est très rare que l'on sente des enfants aidés par le lieu de vie où ils sont comme ils l'étaient à la Neuville, c'est cela d'abord qui m'avait beaucoup intéressée. (…)  Il y a, à la Neuville, ce que j'appellerai un climat de ventilation de santé: tolérance de ce que chacun faisait et de cet éveil dans chaque enfant du sens social. Car très souvent, à l'école, l'enfant ne fait que redupliquer sa famille: il voit comme un papa, comme une maman dans les professeurs. A la Neuville, pas du tout, c'est différent: c'est une nouvelle manière d'être, une autre manière d'être en Société, à l'école. C'était comme si, les mots qu'elle mettait sur ce que nous avions réalisé donnaient enfin, et seulement alors, sa pleine dimension à notre travail. En pleine conscience de ce que nous faisions, nous allions désormais pouvoir aller encore plus loin… Après ce tournage, on projeta d'autres choses encore. Et notamment de se voir régulièrement pour parler de la Neuville.

*Je n'avais pas été à la Neuville parce que je ne voulais pas voir le lieu où vivaient dans la réalité les enfants que je soignais, ça fait partie de mon idée pour cadrer une psychothérapie. Le psychanalyste ne doit pas être dans la réalité d'aujourd'hui puisqu'il ne doit s'occuper que du passé qui se revit avec lui en séances.



«(Les Neuvillois)… Ils vinrent la trouver avec leurs idées, leurs projets, dans lesquels, et sans aucun doute ce fut là un de ses traits de génie, elle entendit sous une autre forme, ce en quoi elle croyait, ce pour quoi, ailleurs et autrement, elle luttait. Etonnée, bouleversée, enthousiaste, elle reconnut dans l'entreprise neuvilloise un véritable laboratoire, qui, en toute ingénuité, mettait ses idées à l'épreuve, les travaillait, les soulignait et, ce qui ne pouvait que la ravir, les enrichissait.»
Michel PLON  (Françoise Dolto et l'éducation Françoise Chébaux Ed. L'Harmattan.)


Claude Halmos*, eut l'intuition du caractère particulier de ces séances de contrôle. Elle nous demanda, un jour, si Françoise nous les avait fait payer. Nous répondîmes par la négative. Elle souligna combien ce qui pouvait sembler un détail était probablement essentiel: Françoise considérait ces séances de travail comme un échange à bénéfice réciproque. Elle n'y occupait pas la place de celle que l'on va voir. Nous nous rencontrions à mi-chemin et l'école dont nous parlions était moins la Neuville qu'un lieu imaginaire investi par nos trois imaginations.  Pourtant depuis le début, et tout au long du chemin, à mesure que nous trouvions, elle savait, elle, ce que nous cherchions: à partir de son expérience clinique et avec son bon sens, elle avait imaginé ce projet d'école, pour l'essentiel. Mais réciproquement l’audace des Neuvillois lui avait permis de vérifier nombre de ses hypothèses et la confiance gagnant, elle se prit au jeu de faire l’école, avec nous**. Elle avait donc saisi, en connaissance de cause, l'occasion de vérifier, que ça fonctionnait, que ses détracteurs avaient tort. Elle savoura ce succès tardif, discrètement, tout en mettant la main à la pâte chaque fois qu'on le lui demandait. Et jusqu'à son dernier souffle, elle a soutenu cette Neuville dont elle disait: elle va dans le sens de tout ce qui me préoccupe. Ce n'est sans doute pas par hasard qu'il revint à Michel Plon d'écrire*** : Ils vinrent la trouver avec leurs idées, leurs projets, dans lesquels, et sans aucun doute ce fut là un de ses traits de génie, elle entendit sous une autre forme, ce en quoi elle croyait, ce pour quoi, ailleurs et autrement, elle luttait. Etonnée, bouleversée, enthousiaste, elle reconnut dans l'entreprise neuvilloise un véritable laboratoire, qui, en toute ingénuité, mettait ses idées à l'épreuve, les travaillait, les soulignait et, ce qui ne pouvait que la ravir, les enrichissait.

* Psychanalyste ayant participé à divers ouvrages et films concernant Françoise Dolto.
** Faire l’école avec Françoise Dolto  était le titre original de l’ouvrage que nous avons publié en 1990 pour relater cette aventure. Le titre fut réduit par l’éditeur à « L’Ecole avec Françoise Dolto ».
***Michel Plon intervient auprès de l'équipe de la Neuville depuis la rentrée 1989… comme l'avait fait avant lui Françoise Dolto mais suivant des modalités différentes.


Les compléments

Deux psychanalystes à la Neuville : A propos de la collaboration avec Françoise Dolto et Michel Plon

Paradoxalement, une fois à la retraite, Françoise Dolto put consacrer plus de temps à sa collaboration avec l’école de la Neuville. Et tout d’abord, elle vint visiter les lieux dont elle entendait parler depuis dix années. Une nouvelle forme de travail en commun résulta de cette nouvelle disponibilité sous la forme de séances de travail qui avaient lieu dans son cabinet, rue Saint Jacques. Forme d’échange libre, sorte de contrôle pédagogique, que montre le film « Françoise Dolto  & La Neuville ». Plus tard, après sa disparition, les Neuvillois ne purent plus se passer de ce type d’échange et c’est ainsi que commença la collaboration avec Michel Plon, selon des modalités différentes dont les grandes lignes sont évoquées dans ce complément de programme par Fabienne d’Ortoli et Michel Amram. On suivra un court extrait d’une séance entre le psychanalyste et l’équipe pédagogique neuvilloise, en référence à une situation pédagogique qui est elle-même montrée afin de mieux faire comprendre les rôles de chacun, avant que Michel Plon ne commente les presque vingt années de son travail avec La Neuville.


« Il y a beaucoup de choses qui me paraissent essentielles à la Neuville. Je crois que la première chose, la plus fondamentale, c’est l’extraordinaire respect des enfants, de chaque enfant, qui est toujours considéré comme un sujet, dans sa particularité, dans sa singularité.  Cet enfant, qui arrive à la Neuville, ne sera en rien estimé ou évalué selon des critères fixés à priori. Pris, accepté au mot de son désir, il sera accueilli tel qu’il est, pris en compte et valorisé d’abord dans ce qu’il aime, dans ce qui lui permet de commencer à se réaliser. C’est là plus qu’une donnée fondamentale, un « postulat » comme vous l'avez dit. Si l’on sélectionne à L’Ecole de la Neuville, ce ne sont pas certains enfants contre d’autres, ce sont, chez chaque enfant, les manifestations de ce qui en lui peut d’abord trouver à s’exprimer de manière satisfaisante pour lui et venir constituer, renforcer ce narcissisme primaire sans lequel aucun être humain ne peut s’accomplir. Cela peut être le calcul ou le théâtre, le foot ou l'imprimerie, la cuisine ou le cross.  L’école accueille les enfants mais elle ne les précède pas comme un contenant qui les attendrait pour se remplir, pas plus que l’école n’entend remplir ces enfants d’on ne sait quel savoir a priori. Les enfants font l’école, ils la construisent, la modifient, l’améliorent chaque jour, ils en vivent les crises et les manques, s’efforçant d’y remédier par le biais d’assemblées à la fois constituantes et légiférantes. L’école évolue de trouvailles en difficultés et chaque enfant qui y vient y laisse sa marque qu'elle soit apport, résistance ou les deux à la fois. Ensuite, mais c’est lié à ce premier point, peut-être aussi votre désir, et celui de tous ceux qui travaillent dans cette école, de sans cesse se remettre en question. La routine, c’est une forme de manifestation de ce que Freud appelle la pulsion de mort, c’est-à-dire la répétition. La pulsion de mort, c’est ce qui en nous résiste à la nouveauté, résiste au changement et essaye d'effectuer un retour à l’immobilisme, un retour à l’origine. Donc peut-être que l’un des points essentiels de l’école, c’est justement que l’école sait reconnaître ce qu’il en est de la pulsion de mort pour pouvoir lutter contre. Non pas pour l’éradiquer, parce qu’on n’éradique jamais la pulsion de mort: elle fait partie de la vie. Mais dans la mesure où c’est reconnu ça permet de mieux soutenir, de mieux affirmer, tout ce qui est de l’ordre de la vie. C’est-à-dire au contraire, tout ce qui est de l’ordre de l’avancée, de l’exploration, de la découverte, de la nouveauté, parce que quelque chose de la routine n’est pas désigné comme l’ennemi numéro un, mais pris en compte comme quelque chose qui fait sans arrêt retour. Et donc, quand je dis que l’un des points essentiels de l’école c’est sa capacité à se remettre en question, c’est sous cet angle-là que je veux le dire, sous l’angle d’une remise en question permanente mais qui n’est pas inscrite dans une espèce d’idéal de perfection, qui exclurait tout retour de la routine. Au fond, pour répondre plus globalement à votre question, je dirai que l’Ecole de la Neuville est une belle illustration concrète de l'assertion freudienne sur les trois impossibles: il est possible d’affronter l’impossible. »
 Michel PLON (Extraits de « Dix ans après », Editions ESF)


Parrain et marraine

Fernand Oury & Françoise Dolto

Fabienne d’Ortoli et Michel Amram évoquent les rôles spécifiques de leur parrain et marraine, respectivement instituteur et psychanalyste, mais aussi leur influence commune et permanente sur le projet neuvillois.


… un milieu qui autorise un enfant à s'exprimer ce qu'il pense, ce qu'il désire, ses jugements et où l'enfant sent qu'il est partie prenante. Il n'est pas un parasite ou un objet de cette école, il est un sujet vivant dans cette école.
Françoise DOLTO


Un milieu institutionnalisé où la loi naît de la parole, où la parole naît de la loi; d'une loi autre, bien sûr, d'une loi qui autorise le désir.
Fernand OURY


Comme dans les contes de fée
Faisons-nous l'école sans Françoise Dolto, ni Fernand Oury, à présent ?  Il ne s'agit pas de se demander ce qu'ils auraient dit ou fait en telles circonstances précises de la vie pédagogique neuvilloise, ni même ce qu'on leur aurait demandé si on avait pu lorsque nous sommes hésitants sur la marche à suivre dans une situation donnée.  Les ayant pratiqués si longtemps, nous avons repris à notre compte, naturellement, une infinité d'éléments de leur façon de voir les questions éducatives, nous les avons faites nôtres et nous nous y référons comme à d'autres éléments constitutifs de la pédagogie neuvilloise. Peu importe dès lors à qui nous les devons, tel enfant, tel adulte, chacun de nous, ils sont à présent fondus dans un ensemble d'outils, dans une théorisation qui est à notre disposition quotidiennement, la Neuville est riche de tous ces apports.
- Vous faîtes partie du petit nombre de ceux qui entendent sa voix, nous a dit Catherine Dolto, un jour que nous cherchions à retrouver, sans trop de difficulté d'ailleurs, les mots exacts d'une phrase prononcée il y a plus de dix ans, pourtant, par Françoise. Pensée inimitable que la sienne, justement parce qu'unique, et donc facile à retrouver, aisément reconnaissable, et simple bien qu'en même temps complexe.  Ce n'est pas différent en ce qui concerne Fernand Oury et sa façon exigeante d'envisager la classe, la seule qui permette aux enfants de s'organiser, de se critiquer et de penser par eux-mêmes. Son héritage tant en ce qui concerne la classe que l'école est d'autant plus difficile à oublier qu'il est fait de techniques simples et utilisables partout, de phrases courtes, fortes et sensées. Nous avons gardé le souvenir d'une conversation concernant ce qu'il appelait la loi, il ne disait jamais les lois.  C'était à nos débuts et il nous semblait alors que l'on pouvait fermer les yeux devant une légère entorse à la règle commise par un enfant qui avait bien compris les principes de l'école. Il était naturellement de l'avis contraire. Il se pencha et tira un trait par terre avec sa chaussure.
- De ce côté-ci, dit-il, on est à l'intérieur de la loi. Puis, avec sa chaussure, il dépassa la ligne.  Si on laisse dépasser, même un peu, quand et à quel titre va-t-on intervenir ensuite ? La démonstration était déjà convaincante. Il laissa tomber la phrase suivante, si caractéristique de son style, rappelant à quel point on est toujours et avant tout un éducateur quand on intervient à propos de la loi.
- Au-delà de la ligne, plus rien ne vient s'interposer… et là, dit-il en montrant le sol, un peu plus loin, c'est la mort. Cette ligne, un peu plus tard, nous la retrouvions sur le sol de la Maison Verte pour limiter certains déplacements. Dolto, Oury, même combat…  Comme dans les contes de fée, une marraine et un parrain s'étaient penchés sur le berceau de la nouvelle née, une école. Question de chance ? Sauf que le hasard n'a rien à voir là-dedans… Ils ont occupé cette place parce que nous les avions choisis et interpellés. Ils ne sont jamais venus à la Neuville le même jour et il n'y a aucune photo d'eux deux ensemble. Seule une plaque sur la façade de l'école de la Neuville les réunit.
Fabienne d’OTOLI & Michel AMRAM
(Extraits de « Dix ans après », Editions ESF)


DVD Françoise Dolto & La Neuville © Frémeaux & Associés (frémeaux, frémaux, frémau, frémaud, frémault, frémo, frémont, fermeaux, fremeaux, fremaux, fremau, fremaud, fremault, fremo, fremont, CD audio, 78 tours, disques anciens, CD à acheter, écouter des vieux enregistrements, albums, rééditions, anthologies ou intégrales sont disponibles sous forme de CD et par téléchargement.)

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