ZIZI
JEANMAIRE

Live in Paris
1957 - 1961

Égérie d’Yves Saint-Laurent, danseuse étoile et grande figure populaire à la gouaille légendaire, Zizi Jeanmaire est une icône culturelle du XXe siècle. Elle incarne à elle seule les formidables heures du music-hall à la française. Ces sessions live enregistrées à l’Alhambra en 1957 et 1961, nous permettent de la retrouver au sommet de son art : avec l’orchestre de Michel Legrand pour son premier grand music-hall ; puis à la création de son célèbre numéro « Mon truc en plumes » en 1961, qui va lui apporter une renommée et une consécration intemporelle auprès du grand public.
Patrick Frémeaux

La collection Live in Paris, dirigée par Michel Brillié, permet de retrouver des enregistrements inédits (concerts, sessions privées ou radiophoniques), des grandes vedettes du jazz, du rock & roll et de la chanson du XXe siècle. Ces prises de son live, et la relation avec le public, apportent un supplément d’âme et une sensibilité en contrepoint de la rigueur appliquée lors des enregistrements studios. Une importance singulière a été apportée à la restauration sonore des bandes, pour convenir aux standards CD tout en conservant la couleur d’époque.    

Patrick FRÉMEAUX & Gilles PÉTARD

ZIZI JEANMAIRE
Live in Paris 1957-1961
Par Augustin Bondoux
« Sans elle, Paris ne serait pas Paris » Louis Aragon.
Danseuse de ballet, actrice, chanteuse de music-hall, Renée Marcelle Jeanmaire, dit « Zizi » est née en 1924 à Paris. Elle entre à l’âge de neuf ans à l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris où elle rencontre Roland Petit, sans doute le plus grand chorégraphe français du XXe siècle. Indissociables, elle l’épousera en 1954 et sera au centre de toutes ses créations.
C’est au sein de la compagnie « Les ballets de Paris » créée en 1949 par Roland Petit, qu’elle se fait connaitre du grand public. L’adaptation révolutionnaire de « Carmen » par Roland Petit obtient un immense succès, d’abord à Londres et Paris, puis à Broadway et dans le monde entier (pour devenir une des œuvres les plus emblématiques de la danse du XXe siècle). Dans ce ballet moderne et audacieux, Zizi Jeanmaire interprète l’héroïne de Mérimée avec une coupe à la garçonne, qu’elle gardera toute sa vie durant. En 1950 Roland Petit crée le ballet chantant « La croqueuse de diamants », dont le texte est écrit par Raymond Queneau, au théâtre Marigny. S’en suit une tournée américaine au cours de laquelle Hollywood, alors en plein âge d’or des films musicaux, lui ouvre ses portes, par l’intermédiaire du célèbre producteur Howard Hughes.
De retour en France au mitan des années 1950, Roland Petit et elle introduisent un style de revue inspiré de Broadway et enchainent les triomphes. En 1956 ils montent « La revue des ballets de Paris » qui devient un phénomène.
Les présents enregistrements (1957-1961) situent Zizi Jeanmaire au sommet de son art. Égérie du tout-Paris, elle tourne dans les films « Folies Bergères », « Charmants garçons » (dont la bande originale est signée par Michel Legrand) de Henri Decoin, puis « Guinguette » de Jean Delannoy, enregistre un album de chansons de Guy Béart. Elle joue dans deux opérettes là encore mises en scène par Roland Petit : « Patron » de Marcel Aymé (musique de Guy Béart, décors et costumes de Bernard Buffet) et interprète Roxane dans un « Cyrano de Bergerac » dont les costumes sont d’Yves Saint-Laurent.
On la retrouve ici, sur les 9 premières pistes, en février 1957 avec l’orchestre de Michel Legrand et le groupe vocal les Fontana (dont fait partie Christiane Legrand et qui accompagnent les tubes rock and roll de Henri Salvador et Boris Vian). La voix gouailleuse de Zizi Jeanmaire sied particulièrement au music-hall où elle exprime son côté chic et canaille et où elle découvre un nouveau rapport à la scène et au public.
C’est en décembre 1961 qu’elle explose sur la scène de l’Alhambra dans « La revue », où est créé le célébrissime numéro « Mon truc en plumes », qui marie la musique de Jean Constantin et Bernard Dimey avec les costumes d’Yves Saint-Laurent. C’est aussi à partir de ce moment que son look « chandail-noir-collant-noir » imaginé par le couturier, avec ses cheveux courts, imprègnent l’inconscient collectif. Elle donne également sa chance à Jean Ferrat alors jeune auteur-compositeur prometteur après le succès de « Ma môme ». Introduit par Bernard Dimey, il fait sa première partie et lui écrit deux chansons : « Eh l’amour » et « Mon bonhomme ».
Fin 1961, Zizi Jeanmaire est une vedette adulée, à la fois danseuse d’opéra, icône de la mode, vedette de variétés au tempérament joyeux et gouailleur, elle incarne dans le monde la parisienne chic et rebelle. Dans un article du Monde du 14 décembre 1961, l’écrivaine Claude Sarraute lui rend un bel hommage : « un sourire gourmand, évoque Paris, Paris-Lumière, Paris-Canaille. Ce nom d’oiseau devient surnom, celui d’une nouvelle môme Moineau, et ceux qui l’ont connue ne regrettent plus l’irremplaçable Mistinguett. Les autres penseront à Arletty, l’Arletty aux charmes androgynes, révélée par Carné dans les Visiteurs du soir »1.
Aucune autre artiste n’a su, jusqu’à sa disparition le 17 juillet 2020, mêler avec autant de talents les arts dits sérieux aux arts populaires. Cocteau disait d’elle : « Un monstre anti-traditionnel né du mariage entre ce qui s’explique : le savoir, et ce qui ne s’explique pas : l’auréole »2.
Augustin Bondoux

© Frémeaux & Associés 2021
1 « Zizi Jeanmaire à l’Alhambra », Claude Sarraute, Le Monde, 14 octobre 1961
2 Ibid.

ZIZI JEANMAIRE LIVE IN PARIS 1957-1961
 1. Ah dis donc, dis donc (Alexandre Brefort / Marguerite Monnot)    2’52
 2. Il y a plus d’un an (Guy Béart)    2’33
 3. Les tatouages (Jean Dréjac / Michel Legrand)    4’08
 4. Avec les anges (Alexandre Brefort / Marguerite Monnot)    2’41
 5. Paris-Bohème (Ph. Gérard / R. Rouzeau / J. Larue)    2’20
 6. La brave fille (Guy Béart)    2’35
 7. La java (Yvain / Albert Willemetz / J. Charles)    4’02
 8. Je suis la femme (Guy Béart)    4’14
 9. La croqueuse de diamants (Damase / Petit / Queneau)    4’41 
10. Les yeux brillants (Bernard Dimey / Francis Lai)    2’03
11. Drôle de musique (Ch. Guitreau)    3’05
12. Les bras d’Antoine (Guy Béart)    2’55
13. A nous deux mon ange (Jean Ferrat / Guelty Deutsch)    2’17
14. A quoi bon s’aimer (Bernard Dimey / Francis Lai)    3’11
15. Mon truc en plumes (Bernard Dimey / Jean Constantin)    2’30
16. La vengeance (Ch. Guitreau)    1’57
17. Toto l’aristo (Ch. Guitreau)    2’49
18. Je te tuerai (J. Hallyday / R. Queneau)    2’49
19. Mon bonhomme (Jean Ferrat)    3’47
20. Eh L’amour (Jean Ferrat)    4’02
Recorded by: Europe N°1
Technical Staff
Recording dates
Tracks 1 to 9: February 1957  
Tracks 10 to 20: December 1961
Recording place
Alhambra Theater, Paris, France
Produced by: Jane Breteau,
Felix Vitry & Lucien Morisse
Personnel
Tracks 1 to 9
Michel Legrand Et Son Orchestre
Conductor: Michel Legrand
Les Fontana (backing vocals):
Christiane Legrand, Jean-Claude Briodin, Rita Castel, Roger Berthier
Tracks 10 to 20
Jean-Michel Defaye et son Orchestre
Conductor: Jean-Michel Defaye
Dedicated to Claude Boquet, Bill Dubois , Jean Claude, Philippe Moch,
Raymond Treillet and the gang

La collection Live in Paris :
Collection créée par Gilles Pétard pour Body & Soul et licenciée à Frémeaux & Associés.
Direction artistique et discographie : Michel Brillié, Gilles Pétard.
Coordination : Augustin Bondoux.
Conception : Patrick Frémeaux, Claude Colombini.
Fabrication et distribution : Frémeaux & Associés.