« Élégance diabolique » par Le Monde


D’où vient que les frères Ferré (guitares) n’ont pas la carrière qu’ils méritent ? Alain Jean-Marie (piano), pas davantage ? Cela vient du fait qu’ils sont d’abord musiciens, ensuite musiciens et surtout musiciens. Chez les Ferré, on s’appelle comme tout le monde, Boulou ou Elios, leur père s’appelait Matelot, leurs oncles Saro, Barane. Chez les Jean-Marie on est musicien d’origine guadeloupéenne, ou avocat, ou facteur ou prophète. Le trio fait un fameux triangle de cordes et de battements. Avec les instruments très harmoniques (guitare, piano), on peut facilement frimer, toujours tricher, rarement jouer et se rejoindre. Eux réusissent, à la juste intersection : répertoire choisi avec goût (Tadd Dameron, Lennie Tristano, Parker, Lee Kontitz et Warne Marsh, J.S. Bach). Expression d’une élégance diabolique. Musique jusqu’au bout. Une très belle rencontre.
F.M. – LE MONDE