« Sacré Benoît » par Jazzman

A la première écoute, ce n’est pas le coup de foudre. Surtout lorsque trotte encore dans votre tête les refrains accrocheurs, l’ambiance Louisiane et les textes savoureux de « Parlez vous français » le précédent album de Benoît Blue Boy produit par La Lichère. Et pui – effet bizarre – « Plus tard dans la soirée », lancinant avec son feeling de blues balluche et de country western de banlieue, se met à vous titiller les oreilles. Et vous y revenez ; Certes, Benoît, toqué de blues et de Louisiane, avec ses faux airs de Coluche dans Tchao Pantin, « mange » les mots, ce qui entraîne immédiatement les commentaires acerbes du style « on ne comprend rien à ce qu’il raconte – c’est pire que Bashung ». Mais que le pilote auditeur prenne seulement le temps de maîtriser l’engin pour mieux voir le paysage défiler. Matins blafards, peines de cœur, humour grinçant. Benoît Blue Boy vous conte des histoires simples qui vous renvoie, le temps d’un éclair, à votre propre vie. Sacré Benoît. D’abord une méchante fille « veut vendre sa guitare ». Ce qui n’est pas gentil. Plus loin « il tourne en rond, perd la raison, se r’lève la nuit et pense à elle » et, bien entendu « se d’mande bien pourquoi » ? Son cafard s’envole, enfin, dans Coq en pâte : « J’me sens bien ce matin, t’inquiète pas je suis pas malade, je sais d’là où j’vais aller, je s’rai comme un coq en pâte ». C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Christophe DRIANCOURT – JAZZMAN