« Concentration d’inventivité » Par Jazz Magazine -Jazz Man

«  Le Foehn n’a pas de direction privilégiée, il se métamorphose au gré des caprices géographiques croisés en chemin. «Foehn», c’est ainsi que Sylvain Kassap avait très justement intitulé, en 1987, son incursion solitaire aux confins des âges et des sphères musiciennes.  Qu’il est bon de redécouvrir une telle concentration d’inventivité et de technique portée par un projet qui traverse les époques, avec ce qu’il faut de distance pour rester parfaitement original, irréductible aux caprices de l’instant. Seul avec ses clarinettes et saxophones, ses percussions et ses claviers, Kassap use du re-recording comme d’un ultime instrument pourvoyeur d’une ubiquité savamment recomposée. A la clarinette basse, un ostinato d’inspiration baroque surplombé dans les médiums  et les aigus par des lignes mélodiques du monde entier. Le travail de superposition des voix évoque tantôt l’écriture démesurée de Mingus – Zaïtut, cf. : Goodbye Pork Pie Hat -, tantôt des airs dansants de la Caraïbe ( Adelie, The Last Drop), les fulgurances du Word of Mouth de Pastorius, les performances multiphoniques de Roland Kirk, ou encore obéissent à un sentiment modal oriental sans parfum artificiel (Taragot). Le tout avec le charisme et l’assise rythmique que l’on sait. »
Par Lorraine Soliman — JAZZ MAGAZINE - JAZZ MAN