« Un double album qui donne envie » par On Mag

« A l’occasion de l’exposition Collections croisées, à Troyes, qui réunissait la collection Sargos et les collections nationales Pierre et Denise Levy d’arts premiers, Patrick Frémeaux a prononcé une conférence, qui ne manque pas d’intérêt, sur les préjugés que nous avons, nous autres Occidentaux, sur l’art tribal et sur notre façon de le considérer.

Patrick Frémeaux, outre son travail d’éditeur sonore, notamment d’archives ethnographiques de musiques et de cérémonies rituelles, est également un grand voyageur, un collectionneur et un marchand d’art. Et comme il est aussi éditeur de sciences humaines et de philosophie, il s’est posé les questions esthétiques essentielles à ce propos. Il est assez téméraire et hasardeux de vouloir parler d’art, notamment de statuaire et de peinture, sans en montrer les images, mais Patrick Frémeaux a tenté la gageure. Et l’a réussie, dans la mesure où il parle clair et n’essaie pas d’enfumer l’auditeur comme le font souvent les critiques d’art. Tout en présentant sa galerie et sa maison d’édition, il propose une classification des arts tribaux, des réflexions sur leurs valeurs vénale, historique ou esthétique, sur le vrai et le faux à l’instar d’Umberto Eco dans La Guerre du Faux, sur le patrimoine et le rôle des musées, à commencer par celui du quai Branly. Ce Voyage en territoires d’arts tribaux dénote d’abord une extrême compétence, mais également un amour de la sauvegarde du patrimoine, menacée, rappelons-le, par les récentes décisions sarkozystes en matière de droits d’auteurs (70 ans au lieu de 50). Le second CD de cet album nous offre les archives musicales récoltées chez les Dogons par Patrick Kersalé, soit une heure passée au plus profond de l’Afrique, canicule en moins. Un double album qui donne envie d’acquérir les CDs de documentation ou les CDs de lectures que publie le label Frémeaux et d’aller voir ainsi de plus près les grandes œuvres de la littérature lues par de grands comédiens, la Contre-histoire de la philosophie de Michel Onfray ou les discours d’André Malraux. »
Par Michel LAROCHE – ON MAG