« Un florilège fluide tout à fait réjouissant » par Jazz Magazine-Jazzman

« Quelqu’un capable d’engloutir deux poulets rôtis à la suite ne peut pas être foncièrement mauvais » aurait dit Miles du «Cannibal», surnom vite transformé en «Cannonball» (boulet de canon), composition enregistrée pour son premier disque sous son nom en 1955. A l’époque, en raison de son extrême agilité saxuelle  et de son ancrage dans le blues le plus essentiel, on l’avait accablé du titre de «nouveau Bird». «Cadeau meurtrier» selon les mots d’Alain Gerber dans son texte introductif. S’il est bien vrai que le jeu de Parker a exercé une profonde emprise sur le sien, il ne faut pas oublier qu’Adderley était aussi un fils de Benny Carter, altiste d’une suprême élégance dans la construction mélodique. Johnny Hodges n’est pas non plus très loin. Sa version de Dancing in the Dark, tirée de «Somethin’Else» comme celle de St. Louis Blues, extraite de « New Bottle Old Wine » de Gil Evans, en témoignent ici superbement. Cette «Quintessence» des cinq premières glorieuses années de sa carrière ressemble bien sûr plusieurs plages avec Miles dont l’inévitable Flamenco Sketches de «Kind of Blue» et bien entendu nombre de ses «tubes» (Dat Here, Work Song, Blue Daniel, etc.) où, en compagnie de son frère Nat, il célèbre avec verve et drive, punch et allégresse, les vertus roboratives du jazz funky dans tous ses éclats. Soit un florilège fluide tout à fait réjouissant d’un saxophoniste magnifiquement coriace et vorace. Pascal ANQUETIL – JAZZ MAGAZINE-JAZZMAN