« Un coffret strictement nécessaire » par Classica

Ce cinquième coffret contient quelques-unes des improvisations de Charlie Parker attestant le plus clairement de son génie, mot qui ne peut être que parcimonieusement employé pris au sens où Baudelaire l’entend : « Le génie n’est que l’enfance nettement formulée, douée maintenant, pour s’exprimer, d’organes virils et puissants ». Les « outils » évoqués par le poète sont ici une renversante sûreté rythmique, une énergie impérieuse, maîtrisée, une invention mélodique et une audace harmonique pratiquement inépuisables auxquelles personne à son époque et seuls John Coltrane, Eric Dolphy et Miles Davis plus tard peuvent se comparer. En effet, l’essentiel des séances ici rassemblées consiste en faces Savoy devenues des légendes du jazz (dont, parmi de nombreux autres joyaux, les trois prises exceptionnelles de « Parker’s Mood ») et captations publiques effectuées au Royal Roost dont la restauration permet d’apprécier enfin convenablement la richesse. Si l’on ajoute que le livret accompagnant cet indispensable trésor est pourvu d’un livret bilingue de 28 pages sérieusement documenté dû à Alain Tercinet et d’une discographie détaillée, on comprendra aisément que, soit pour découvrir le Bird, soit pour le réécouter dans des conditions optimales à la suite des quatre précédents coffrets tout aussi strictement nécessaires, il ne saurait être question de balancer un seul instant : l’importance musicale et historique en sont conjointes.
Par CLASSICA