« Le parrain du blues hexagonal » par Jazz Mag-Jazzman

Tous deux ont tenté l’expérience américaine. Benoît est vite revenu et a su franciser son blues, au point de passer pour le « parrain » du blues hexagonal. Franck est resté aux Etats-Unis où il s’est imposé sur la scène californienne jusqu’à devenir un pilier des Mannisch Boys. Leur amitié et leur considération mutuelle portaient le germe d’une collaboration. Longtemps envisagée, mais jamais aboutie, elle vient enfin de se concrétiser. Les vocaux sont équitablement partagés, tous deux s’expriment avec une gouaille narquoise qui colle parfaitement aux textes concoctés par Benoît, souvent sur des idées de Goldwasser, dans une veine humoristique qu’expriment bien les titres (Y a des moments il faut choisir, J’crois qu’vais aller au paradis, Elle m’a dit t’es d’la mauvaise graine…). Une ironie qui cache une authentique poésie et parfois une émotion vraie (J’ai reçu une lettre). Benoît fait un usage aussi parcimonieux que bienvenu de l’harmonica, plus soucieux de sonorités que de virtuosité. Comme dans ses récents albums personnels, il est aussi présent à la guitare, mais il laisse à Goldwasser la responsabilité des solos toujours pertinents, solidement charpentés. D’une musique enracinée dans le blues le plus terrien, adressant un clin d’œil ici à Elmore James, là à Frankie Lee Sims, se dégage un album libre et inspiré, bien dans la lignée de l’œuvre de Benoît Blue Boy, mais à laquelle Franck Goldwasser apporte sa personnalité plus introvertie. Jacques PERIN – JAZZMAG/JAZZMAN