« Le pari réussi entre tradition et modernité » par Jazzmag-Jazzman

Sous-titré « First & Second Line in New Orleans 1990-2005 », cet album vient opportunément rappeler la spécificité d’une musique qui réussit le pari de jeter un pont entre tradition et modernité sans dénaturer, voire sacrifier, l’un ou l’autre de ses pôles constitutifs. C’est ainsi que le premier des trois disques, intitulé « La Tradition, hymnes, negro spirituals, blues » met l’accent sur l’exploitation des racines (standards primitifs tels « St-James Infirmary, Muskrat Ramble ou Glory Glory Hallelujah). Le second, « Du dixieland au jazz swing », s’attache, comme son titre l’indique, à une évolution parallèle à celle du jazz, tandis que le troisième, « Soul, Funk & Mardi Gras », insiste sur les influences actuelles que l’on ne saurait considérer comme exogènes dans la mesure où elles sont parfaitement assimilées par des musiciens louisianais. D’où ce « gumbo » savoureux, mitonné ces dernières années par les meilleures fanfares de la Cité du Croissant, Algiers, Coolbone, Mahogany et autres Treme Braas Band. A partir des enregistrements réalisés par Gary Edwards pour son label néo-orléanais SONO, la compilation élaborée par Jean Buzelin, auteur d’un copieux livret très documenté – telle est la tradition de la maison – rend compte avec exactitude de l’effervescence et de la saveur d’une musique qui a largement contribué non seulement à souder la population d’une ville sinistrée, mais permis l’émergence de musiciens de qualité tels le tromboniste Eddie Boh Paris, les quatre frères Johnson ou encore Troy Andrews dont la carrière internationale sous le nom Trombone Shorty connaît un bel essor.
Par Jacques ABOUCAYA – JAZZMAG-JAZZMAN