« Pour tous les amateurs de Ferré » par Chants… Songs

« En sortant le coffret Intégrale Léo Ferré et ses interprètes 1947-1956, les éditions Frémeaux & Associés nous font revivre les débuts d’un artiste tôt engagé et qui a signé, dès ses débuts, quelques chansons majeures du répertoire. En prime, un CD offre les versions de ses grands interprètes, avec certaines raretés. Né en août 1916 à Monaco, Léo Ferré a mis du temps à trouver sa voie, même si, dès son plus jeune âge, il dirigeait, comme il l’a raconté, « des orchestres imaginaires » sur les remparts de sa ville natale. Dès 10 ans, il composa sa première musique sur Soleils couchants, de Verlaine, et, trois ans plus tard, le Kyrie d’une messe à trois voix. S’il a suivi d’abord des études de droit – il a reçu un diplôme de l’école libre des sciences politiques en 1939 – Ferré rêvait de musique : il s’est produit pour la première fois, sous le pseudonyme de Forlane, le 26 février 1941, au Théâtre des beaux-arts de Monaco. Si Ferré s’est ensuite produit dans plusieurs cabarets parisiens – au Bœuf sur le Toit notamment où il rencontra Aznavour et les Frères Jacques – l’artiste ne publia son premier disque qu’en 1947 au Chant du monde. Des mélodies que l’on retrouve dans leur version originale de 1953, 1954 et 1956, dans ce coffret avec, entre autres, Monsieur Tout-Blanc, Barbarie ou encore La Chanson du scaphandrier aux couplets un brin misogynes. Mais Ferré ne connut vraiment un large succès qu’à la fin des années 60 quand une partie de la jeunesse a été conquis par sa poésie non exempte de révolte. Et jusqu’à mai 68, bien des interprètes ont popularisé ses chansons : de Catherine Sauvage à Jacques Douai en passant par Edith Piaf, et Yvette Giraud. Un des indéniables plus de ce coffret, c’est le CD qui regroupe les chansons des premiers interprètes de Ferré. Si certains arrangements ont vieilli, c’est une photographie saisissante d’une époque et de certains chanteurs qui surgit à l’écoute. Y figurent bien sûr Catherine Sauvage, qui fut la première à défendre Léo et Patachou qui signe des versions très fortes de Nous les filles – en public- ou Le Piano du pauvre, fort bien arrangé dans une atmosphère de bastringue. Sans oublier Juliette Gréco pour un très inspiré Dieu est nègre par exemple et La Rue, qu’elle chante à merveille. Qui plus est, on y découvre des pièces rares comme ce Paris-taxis, de Colette Mars – que Ferré n’enregistra jamais – ou la version anglaise de L’Homme par Eartha Kitt (The Heel). Un coffret pour tous les amateurs de Ferré qui pourront retrouver en prime des indications biographiques précieuses dans le livret bourré d’infos qui l’accompagne. »
Par François CARDINALI – CHANTS… SONGS