« L’œuvre de Gilbert Bécaud a su se maintenir au répertoire » par Classica

L’Opéra d’Aran, ouvrage « sérieux » du chanteur Gilbert Bécaud créé sur la scène du TCE de Paris, en 1962, montre que les frontières esthétiques de l’époque étaient plus perméables qu’aujourd’hui. A l’appui, reproduite dans le livret, la une de la « Revue de l’Art Lyrique » mensuelle Opéra qui lui était consacrée. Formé au conservatoire de Nice, Bécaud avait débuté au cinéma, avant d’être le célèbre auteur-compositeur-interprète des années 1960. Doté d’un solide métier, il n’eut aucun mal à doter sa partition de mélodies bien tournées et l’orchestrer avec talent ; aussi, les propos acerbes de Paris-Presse (Claude Samuel) écrivant : « Il paraît que c’est un opéra ! », ou ceux de Pierre Boulez déclarant, sans l’avoir vu (!) : « Bécaud est le maçon qui pense devenir Le Corbusier » paraissent bien dérisoires face à l’accueil enthousiaste de la presse new-yorkaise, belge ou italienne – et, plus encore, à l’aune du succès public obtenu durant plus de trente ans sur les scènes du monde entier, y compris à l’Opéra de Vienne, où Georges Prêtre, créateur de la partition, le dirigeait encore sur scène, en décembre 1994. Situant son action sur l’île d’Aran, en Irlande, Bécaud expliquait : « C’est l’histoire d’un naufragé énigmatique, recueilli par de rudes pêcheurs… Le conflit du soleil et de la brume ». Entre le Ferré avec orchestre de La Chanson du mal-aimé et de la Symphonie interrompue (cf. Classica « Poissons d’or » n°165), la comédie en technicolor version Demy/Legrand et le théâtre lyrique selon Darius Milhaud, l’œuvre de Gilbert Bécaud a su se maintenir au répertoire, tant par le soin apporté à l’époque à la distribution  des solistes et à la direction d’orchestre, que par la qualité de cette réédition. Franck Mallet – CLASSICA