« Entre gospel et rock déjanté, un recueil avec du panache » par ABS Mag

Richard Wayne Pennyman, comme une majorité de Noirs américains, commença sa carrière comme chanteur de gospel dans les années 50. Il fréquentait les milieux homosexuels et sa passion pour le chant le guida vers des spectacles de travestis puis vers le R&B et, grâce au chanteur Billy Wright, lui aussi homosexuel, il enregistra ses premières faces dans les studios de la radio WGST de Macon, Georgie, pour RCA avec les musiciens de Wright en octobre 1951 et en janvier 1952 (les cinq premières faces de ce recueil) et encore du R&B teinté de gospel pour Peacock Records à Houston, Texas, avec The Deuces Of Rhythm et les Tempo Toppers en février 1953. En octobre de la même année, Peacock lui adjoignit le Johnny Otis Orchestra pour quelques faces plus blues mais une altercation avec Don Robey, Le boss de Peacock, l’obligea à chercher son bonheur ailleurs. Entre temps, il avait appris le piano et, suivant les conseils de Lloyd Price, il envoya une démo à Art Rupe (Speciality Records, Los Angeles) qui ne réagit qu’en septembre 1955 et le producteur Bumps Blackwell le fit venir à New Orleans pour enregistrer dans les studios Cosimo Matassa avec les Upsetters avec une dream team de musiciens locaux (Lee Allen, Red Tyler, Huey Smith, Justin Adams, Frank Fields, Earl Palmer…). Dans cet environnement, Little Richard commença à prendre ses marques, d’abord avec des blues lents comme « I’m Just a Lonely Guy » puis avec des faces plus rapides « Baby » puis, à la pause déjeuner, au Dew Drop Inn, il se mit au piano et se lança dans une parodie sexuellement explicite d’un « Tutti Frutti » déjanté et Bumps Blackwell sut de suite qu’ils tenaient là un hit cosmique, un classique du rock était né et Richard allait continuer dans cette voie, cultivant cette voix rauque et nasale, ses cris déments et son style de piano surmultiplié. Sa carrière était lancée avec d’autres tubes dès l’année 1956 comme « Lucille, Shake A Hand, et Good Golly Miss Molly ». Comme les ventes de disques rapportaient des clopinettes, il dut, avec les Upsetters, multiplier les concerts avec les déguisements, des tenues Flashy, des perruques, des manières outrancières qui remporteront un succès phénoménal et là, l’argent va couler à flots… comme son inspiration car sa verve était intacte et il continuera à faire hit sur hit. Pourtant, fin 1957, il fut rattrapé par la religion de son enfance et, après avoir interrompu une tournée en Australie en plein concert, il décida, de quitter le show business. Il rejoignit les Adventistes du Septième Jour et devint pasteur. Bien sûr, il enregistra du gospel : en septembre 1959 avec Milton Bingham (faces Goldisc) puis en juin 1961 pour Mercury Records (cf. CD3) et il donna des concerts avec son amie Mahalia Jackson. Ce avant de faire un retour fracassant sur la scène du rock en 1962, ce dont témoigne cinq faces Little Star qui concluent ce recueil avec panache.
Par Robert SACRE – ABS MAG