« Indispensable bien sûr ! » par Django Station

« Réédition bienvenue de ces deux disques parus il y a une bonne quinzaine d’années sur Le jazzetal, petit label créé par Dave Kelbie , qui sort de grands disques (Angelo, Django à la créole, Tcha Limberger…). L’histoire remonte à 1986-87 ; pour fêter les 50 ans du jazz club d’Eastleigh près de Southampton, le Jazz, quartet récemment formé s’exprimant dans le style Hot Club (Steve Elworth, violon, Dave Kelbie et Pete Finch, guitares et Tony Bevir, contrebasse), a l’idée d’inviter Fapy Lafertin, déjà connu en Angleterre pour y avoir joué à maintes reprises avec Waso. S’en suivront 10 ans de compagnonnage, des centaines de concerts un peu partout et l’enregistrement de ces deux disques considérés comme le top du top dans le pur style Django. De plus les deux disques ont été enregistrés à l’ancienne, en mono, avec un seul micro de la fin des années 30, histoire de s’approcher du son du quintette du hot club de France ; deux disques remastérisés, réédités en un seul coffret avec 8 bonus tracks et un livret d’une vingtaine de pages illustré de belles photos en noir et blanc.
Django est célébré par d’excellentes versions de Swing guitars, Diminishing, Anouman sur le CD1 sorti en 94, 12th year, Hungaria, Billets doux, Black and white sur le CD2 avec Bob Wilber invité à la clarinette sur quelques titres, et également par des standards joués par le maître comme Songe d’automne, I Wonder where is my baby tonight, Liebestraum, Times on my hands ou Viper’s dream, auxquels Fapy imprime sa patte et sa classe. Fapy fait preuve d’une retenue, d’une sensibilité mélodique et d’une clarté d’articulation qui le distinguent absolument de la pléthore des héritiers de l’illustre manouche (cf l’intro de Times on my hands ou l’accélération de Billets doux). Fapy est sans doute celui qui se rapproche le plus de Django sans jamais le copier. Styliste au phrasé immédiatement reconnaissable, il conjugue finesse, swing et élégance dans ses chorus d’une rare intelligence toujours remarquablement construits (cf I have had my moments ou le méconnu To each is own), poétisant finement sur les ballades (Je suis seul ce soir, Vous qui passez sans me voir …). Quand il ne chorusse pas, Fapy appuie la rythmique de son drive impressionnant conjuguant autorité et souplesse (cf swing guitars). Ses petits camarades sont au diapason et lui déroulent le tapis ; une rythmique exemplaire qui swingue, un violoniste très en verve sur tempo nerveux (cf Puttin’ on the Ritz) et tout en sensibilité sur les ballades. Indispensable bien sûr ! »
Par Francis COUVREUX – DJANGO STATION