« Une passionnante anthologie » par Juke Box

Les « hipsters » sont à la mode ; Venus des codes de la « Kustom Kulture », ils ont depuis quelques années envahi les médias et le quotidien. Surfant sur le retour du vinyle, du « vintage » à tout crin, du développement populaire du tatouage, des shows burlesques et des pin-ups, ils arborent bananes rockabilly et barbes de bucherons et ont des goûts allant du rock 50 au metal en passant par le blues façon Black Keys et l’« Americana ». Qui aurait pensé, il y a une trentaine d’années, voir des rockers barbus ? Inimaginable ! Mais le mot n’est pas nouveau. Synonyme de branché, il trouve ses origines dans les années 40 aux USA. Bruno Blum se penche sur la question et remet les pendules à l’heure dans cette anthologie couvrant trois décennies. Les ancêtres des « hipsters » sont les « hep cats », mordus de swing qui, dans les années 30, trouvent leur porte-parole avec Cab Calloway (« The Jumpin’Jive ») qui publie un dictionnaire avec toutes les expressions branchées du moment. Sous l’Occupation, les zazous français en sont directement issus. Slim Gaillard (« Popity Pop »), Dizzy Gillespie (« Groovin’ High »), Louis Jordan (« How High I Am ? ») illustrent cette époque. Avec le développement du jazz bop (“Bones For Zoot” de Zoot Sims, “Boplicity” de Miles Davis, “Soft Shoe” de Gerry Mulligan), les codes changent et les “hipsters” apparaissent. Se situant en marge du système, ils font souvent partie de l’avant-garde artistique notamment en littérature avec Allen Ginsberg, Jack Kerouac et Williams Burroughs. En 1957 le succès phénoménal de « Sur la route » de Kerouac popularise cette école littéraire nommée « Beat Generation », générant l’irrésistible chanson de Bob McFadden « The Beat Generation » où, sur un canevas rock à la Coasters, sont évoqués avec humour les nouveaux codes. Le folk de Bob Dylan (« Talkin’ New York ») et Dave Van Ronk (« Winnin’Boy » fait basculer les beatniks dans les années 60 avant de se transformer en hippies et devenir une contre-culture. Mais c’est une autre histoire. Le jazz est la bande-son quasi exclusive de l’avant-garde qui passe à côté de la révolution rock’n’roll enfantée par Elvis Presley. Des enregistrements de Lenny Bruce, Allen Ginsberg et Jack Kerouac complètent cette passionnante anthologie.
Par Tony MARLOW- JUKE BOX