« Il mérite d’être découvert ou redécouvert » par Le Salon littéraire

« (…) Autre réussite, la compilation consacrée au saxophoniste ténor Don Byas. Intitulé New York-Paris 1938-1955, ce coffret de deux CD présente des enregistrements réalisés au sein de diverses formations ou de ses propres groupes par un musicien dont l’importance dans l’histoire du jazz est incontestable (3). Ainsi que le souligne Alain Tomas, concepteur de cette anthologie, « nombre de ses collègues le considèrent comme une référence incontournable en matière de saxophone ténor ». Sans doute a-t-il été, auprès des amateurs et du grand public, plus ou moins éclipsé par Coleman Hawkins, sa première source d’inspiration, et par Lester Young. Il mérite pourtant d’être découvert ou redécouvert, pour la constance de son inspiration, son sens du swing, et cette sonorité incomparable, chaleureuse et sensuelle, qui est sa marque propre. A ses côtés, durant la période 40-45, des musiciens éminents : Andy Kirk et ses Clouds of Joy, Hot Lips Page, Count Basie, Coleman Hawkins lui-même, sans oublier l’un des maîtres du be-bop naissant, Dizzy Gillespie. Quant aux quartettes ou quintettes qu’il a dirigés, d’abord à New York, puis à Paris, ils présentent l’indéniable intérêt de montrer que ses partenaires français, les pianistes Maurice Vander, Martial Solal, Christian Chevalier, le bassiste Pierre Michelot, n’avaient rien à envier aux Américains Johnny Guarnieri, Billy Taylor. John Simmons ou Joe Benjamin. S’il fallait sélectionner un seul morceau pour mettre en exergue toutes les qualités de Don Byas, ce serait Laura, dans sa version new-yorkaise du 6 septembre 45, avec Guarnieri, Slam Stewart et J. C. Heard. Un modèle de ballade au charme de laquelle il est difficile de résister… »
Par Jacques ABOUCAYA – LE SALON LITTERAIRE