« Aux sources du drumming volcanique de l’extraordinaire Elvin Jones » par Jazz Magazine

Cette double compilation s’arrête en 1962. Voilà qui pourrait être frustrant. Mais au bout du compte (vingt et un morceaux, plus de deux heures et vingt minutes de musique), elle se révèle fort intéressante puisqu’elle revient aux sources du « drumming » volcanique de l’extraordinaire Elvin Jones. Le plaisir est grand que de le réécouter swinguer – ah, ce jeu de balais aussi vif que celui de « Philly » Joe Jones ! – à la tête de son propre (trio featuring son brother Hank au piano), avec Lee Konitz (dans un extrait du fantastique « Motion », Verve, 1961), Freddie Hubbard (« Crisis », dans l’épatant « Ready For Freddie », opus Blue Note de 1961) ou encore avec le « scandaleusement mésestimé » pianiste Tommy Flanagan (Je cite mon confrère Alfred Sordoillet). Oui, Elvin est bien ce maître qui a «donné le hoquet aux métronomes trop bien élevés » et a su mener « sa petite sarabande en toute impunité, bien à l’abri dans l’inattention des gardiens du temple » (Alain Gerber, signataire des liner notes). Alors réécoutons-le encore avec Sonny Rollins au Village Vanguard en 1957 : oui, on l’entend grogner derrière ses fûts ! Sans oublier « La Nevada », avec Gil Evans, version 1959 : ces roulements de caisse-claire, s’ils ne vous flanquent pas des frissons… Petit détail amusant : la photo qui illustre ce CD est extraite de « Zachariah, western hippie de 1971 dans lequel Elvin jouait le rôle d’un cow-boy batteur à la gâchette facile !
Par Etienne DORSAY – JAZZ MAGAZINE