« Sensuelle, intérieure et généreuse » par Jazz Hot

Patrick Favre est un pianiste à trio ; Son style, tant sur le plan du jeu que de la composition, ne pourrait pas être mieux servi qu’au sein de cette formule. Et quand on sait que la qualité première d’un trio jazz, c’est d’être soudé, le pianiste à de quoi être fier car celui-là l’est. A tout moment, chacun fait corps avec ce qui est en train d’être joué. A tel point que ce n’est plus tel ou tel soliste mais bien le trio qui construit son solo (« Daphné »). Et comme nous sommes entre gens de bonne compagnie, la moindre phrase est reprise à la volée et assumée par tous, dans un dialogue stimulant et sans cesse relancé. D’autant plus que le compositeur-leader Patrick Favre est de l’école de ces jazzmen qui, à l’instar de Lester Young ou Dexter Gordon, accordent une place aussi importante à la musique qu’aux paroles. Le credo du trio ? Jouer les morceaux comme s’ils devaient être chantés. Ce qui donne de bien belles mélodies, comme ce « Toyo », que Nougaro n’aurait pas renié, ou un petit « Entretemps » de 2’28’’, pas plus pas moins. Patrick Favre poursuit donc sa quête de la couleur juste, en compagnie de ses coreligionnaires, Eric Surménian (b) aux échappées inventives, et Frédéric Jeanne (dm), maître d’œuvre particulièrement inspiré dans une « Contemplation » hors du temps. Voilà une musique à la fois sensuelle, intérieure et généreuse, profonde et virevoltante.
Thomas MARCUOLA – JAZZ HOT