« Un très beau document sonore » par Blues & Co

Si Pete Seeger, Joni Mitchell, Woody Guthrie, Judy Collins, Tom Paxton, Buffy Ste Marie représentent le mieux la culture contestataire folk de l’Amérique, issus de cette mouvance, Bob Dylan et Joan Baez en seront les deux ambassadeurs les plus marquants du vingtième siècle. Depuis toujours, Joan Baez a su mener avec brio sa carrière professionnelle. Son engagement politique a fait d’elle une militante respectée par les hommes de progrès. Joan Chandos Baez est née le 9 janvier 1941 à Staten Island (New York) d’Albert Baez, physicien, originaire de Puebla (Mexique) et de Joan Bridge, enseignante née à Edimbourg en Ecosse. Elle a deux sœurs : Pauline et Mimi devenue chanteuse qui sera mariée avec le chanteur-compositeur Richard Farina, mort dans un accident de moto en 1966. Mimi décédera en juillet 2001 d’un cancer. Joan typée hispanique sera confrontée au racisme dans sa jeunesse et non reconnue par la communauté mexicaine qui lui reproche de ne pas parler espagnol. Rebelle et combative elle fera face à tous ceux qui veulent la déstabiliser. A 14 ans, elle interprète les standards de la country d’Hank williams et de la Carter Family. Attirée aussi par la musique folk, elle se décide d’aller chanter au Tulla’s Coffee Grinder. Le déclic se fait lors d’un concert de Pete Seeger au festival de Newport, où figurent Odetta et Bob Gibson qui la remarquent et la font monter sur scène lors d’une autre soirée. Elle connaît sa première ovation devant 13000 spectateurs conquis par son feu intérieur et sa voix soprano au vibrato d’une grande pureté. Ses influences seront la Carter Family, Woody Guthrie, Pete Seeger, le Kingston Trio et Odetta. Produit par Maynard Solomon du label new-yorkais Vanguard, la vente de son premier album est un succès. Joan choisit de s’installer modestement en Californie avec son amour de jeunesse Michael et ses chiens et ses chats. L’année suivante voit la sortie de son deuxième opus qui obtiendra un disque d’or. Elle devient une artiste in- contournable. En 1962, son troisième disque « Joan Baez in concert » sera primordial avec son interprétation « We shall over come », titre qu’elle chantera dans les meetings américains, notamment lors de la marche pour la liberté vers Washington. Frémeaux & Associés nous créditent d’u superbe coffret composé de trois cd qui évoquent une partie des premiers enregistrements de sa longue carrière artistique dont un live (cd N°3) enregistré au Reice Hamel en été 1962. L’avocate de la non-violence inspirée par Gandhi et Martin Luther King y interprète seule avec sa guitarre acoustique « Matty Groves » (crime passionnel), « Copper Kettle » (liberté de produire de l’alcool), « Pretty Boy Floyd » de Woody Guthrie, « Black is the color of my true love’s hair » apparu dans les Appalaches au début du XXe siècle… Concernant les deux cd studios, 10 titres sont extraits de l’album Folksingers « round Harvard Square » dont 4 sont chantés en duo avec Bill Wood (cd N°1). Joan Baez reprend dans son style personnel d’anciennes ballades et chansons écossaises « Mary Hamilton » XVIe siècle (roi qui met enceinte une demoiselle de compagnie de la reine d’Ecosse), des ballades anglaises « Fare thee well » XVIIIe siècle (l’adieu d’un voyageur à son amoureuse), « Railroad boy » XIXe siècle (histoire d’une jeune femme qui se suicide par chagrin d’amour) ; un traditionnel yiddish « Donna Donna » (calvaire d’un veau mené à l’abattoir), des chansons irlandaises et religieuses, negro spirituals, plusieurs œuvres d’Alvin Pleasant Carter … J’ajouterai « Plaisir d’amour » romance extraite d’une nouvelle de Jean-Pierre Claris de Florian éditée en 1784 et le classique « House of rising sun » repris par de nombreux chanteurs (ses). Cette fervente chanteuse au cœur tendre toujours prête à s’investir pour le nobles causes nous laisse en témoignage un très beau document sonore.
Par Bruno MARIE – BLUES & CO