« Une magnifique anthologie bien restaurée » par Classica

Né à La Nouvelle-Orléans, dès l’âge de 12 ans il se fait appeler Jelly Roll, interprétant ragtimes, quadrilles à la française, chansons populaires et même quelques airs classiques tirés d’opéras. Il devient pianiste itinérant, mais aussi joueur de cartes et de billard, voire souteneur. Il participe aux « minstrels shows », parcourt les Etats-Unis, assimilant blues vocal et instrumental, chants de travail, hymnes religieux et negro spirituals, musique des Caraïbes et chansons populaires des Blancs, tout en perfectionnant sa technique du ragtime. Pittoresque sans doute, il représente alors l’amalgame musical en train de s’opérer et que l’on commence à appeler « jass » ou « jazz ». Si sa carte de visite porte la mention « inventeur du jazz », ce n’est pas tout à fait un mensonge, tout juste une exagération. Il est pourtant l’un des créateurs essentiels de ce langage, notamment à travers les compositions et surtout les arrangements qu’il écrit pour des formations qui commencent à s’émanciper de l’instrumentation traditionnelle de La Nouvelle-Orléans. Cette magnifique anthologie bien restaurée rend fidèlement compte de l’allègre fusion des musiques qu’il a rencontrées et assimilées, apportant au jazz naissant un premier répertoire où la composition prend une place décisive, s’éloignant ainsi de celui des fanfares, marching bands et chanteurs de blues dont il intègre pourtant les couleurs et l’allant.

Par Jean-Pierre JACKSON - CLASSICA