« Le geste musicien reste indéfectiblement collectif » par Jazz Magazine

Du geste à la couleur… L’illustration de l’album par deux œuvres de Humair le peintre donne le ton d’une manière propre au batteur d’occuper l’espace et d’y distribuer les motifs. A ceci près que le geste musicien reste indéfectiblement collectif, à l’image de ce tout récent programme où le bugle de Yoann Loustalot transforme le trio en quartette. Si le rythme règne, il n’est pas l’apanage de la percussion, qui suggère l’alternance des formats et des matières : les compositions collectives (« Drum Thing, La Cantonale ») ou individuelles (« Mutinerie » de Portal ou « Heaven’s Gate ») sont reliées par un prologue puis des interludes improvisés parfois très brefs, dessinant une suite aussi contrastée qu’imprévisible. Du chant des souffleurs à l’expressivité habitée, au drive irrépressible du tandem Kerecki-Humair, on ne saurait trop dire lequel soutient, entoure ou colore l’autre. Les mélodies passent volontiers par les toms, comme dans l’introduction du « Send In The Clowns » de Stephen Sondheim. Timbrée et superbement chantante (Drum Thing 1), la contrebasse se fait aussi percussive (« Interlude 4 »). Poussé dans ses retranchements par ses comparses dans son solo sur « La Cantonale », Vincent Lê Quang semble y élargir comme jamais sa palette. C’est cela aussi, le « drum thing » de Daniel Humair.
Par Vincent COTRO - JAZZ MAGAZINE